La préfecture et la DEAL ont réuni, pour la première fois, le conseil supérieur de la commande publique. Trois instances sont activées et le point sur les chantiers programmés est assez impressionnant.
Comme tous les départements, Mayotte a son Conseil supérieur de la commande publique. Réuni hier, mardi 12 mai, pour la première fois dans l’amphi du centre universitaire de Dembéni*, il s’agissait pour le préfet Morsy et le directeur de la DEAL, Daniel Courtin, de travailler à relancer le secteur. «On a un endroit de partage de l’information entre tous les acteurs, parce qu’il est important de relancer tout ce qui tourne autour de la construction», indiquait le préfet en ouverture de la séance.
L’information, en matière de commande publique, c’est le nerf de la guerre, pour que les maîtres d’ouvrage aient des entreprises qui répondent aux marchés et que de l’autre côté, les entreprises puissent prévoir très en avance leur plan de charge ou leurs commandes.
Trois instances pour des projets et de l’info
Trois instances sont créées ou réactivées. Tout d’abord, un observatoire de la commande publique, chargé de contribuer à l’émergence de projets. Ensuite, la Cellule économique régionale de concertation (CERC) est réactivée, pour entretenir et approfondir les échanges entre les différents acteurs. Elle a aussi des missions de développement d’outils pour les métiers de la construction (observatoire de l’activité, gestion des déchets…). Elle peut aussi travailler sur l’adéquation entre formation et besoin des filières en emplois.
Enfin, une conférence régionale sur l’investissement public, souhaitée par le Premier ministre pour dynamiser l’investissement public, va devoir plancher très vite. L’idée est de détecter des projets quasiment prêts à aboutir pour lever les freins à leur réalisation. Des groupes de travail thématiques (mobilité, renouvellement urbain, numérique, développement durable…) devront rendre leur conclusion dès le mois de septembre.
L’interminable liste des projets
Il faut dire que la commande publique et assimilée a émis 141 appels à concurrence (AAPC) en 2014 et que les perspectives de chantier à Mayotte sont encore très nombreuses.
Du côté de l’Etat, on y trouve le CRA (Centre de rétention administrative pour 35M€), les collèges de Majicavo (20M€) et de Kwalé (19M€) qui se terminent et deux projets majeurs : le lycée des métiers du bâtiment de Dzoumogné (30M€ pour 2017), et le lycée de Kwalé (30M€, début du chantier fin 2016).
Les collectivités locales ont retrouvé un peu de marges de manœuvre pour peser dans la commande publique. Le conseil départemental (CD) prévoit de nombreux travaux de voiries, un CRIJ (centre régional d’information jeunesse), l’extension de la caserne des pompiers de Kawéni et de ses propres bureaux.
Pour les communes enfin, la liste est longue avec des MJC, bibliothèques, médiathèques, crèches, la lutte contre l’habitat insalubre et la rénovation des classes du 1er degré. Les municipalités établissent en ce moment des schémas directeurs de gestion des eaux pluviales qui vont aboutir à une programmation de travaux. Trois communes sont très avancées et se lancent dans les chantiers dès cette année : Tsingoni, Dembéni et Koungou pour des tranches de 1 à 1,5M€ par commune.
Les portes d’entrée de Mayotte
Le port et l’aéroport ont également d’imposants projets. A Pamandzi, la mise aux normes européennes de la piste, la réhabilitation de l’ancienne aérogare en bureaux et salles de séminaires (2M€, lancement dès septembre) et l’appel à projet en cours pour un hôtel dans la zone aéroportuaire pour un budget de 6 à 8 millions d’euros.
Concernant le port, les investissements prévus portent sur 150M€ sur 15 ans, «mais l’essentiel va se faire dès les 5 premières années pour pouvoir être amorti», précise Fabrice Molinier, de la DEAL. Quinze millions sont même prévus d’ici fin 2016.
«Nous avons de gros projets mais aussi beaucoup de petites choses importantes pour l’économie de Mayotte. Par exemple, nous allons aussi utiliser des pavés au lieu de bitumer nos nouveaux espaces. Cinq millions de briques fabriquées localement vont être posées. Ça représente 15 à 20 emplois créés», explique Ida Nel.
Pas de répartition «affinitaire»
Hôpital de Petite Terre, mise en œuvre de l’assainissement ou réfection des routes nationales… A lire cette longue liste, impossible d’être pessimiste sur l’évolution de l’activité économique de Mayotte.
Ultime précision du préfet : la commande publique est «insoupçonnable». Les services de la DIECCTE ont été renforcés pour s’assurer que les marchés soient effectivement attribués aux mieux ou aux moins-disants et «pas sur une répartition affinitaire». Sur cette question là aussi, «on doit être les meilleurs», a-t-il fait valoir.
RR
Le Journal de Mayotte
*Etaient présents autour du préfet et de la direction de la DEAL, des maîtres d’ouvrages publics ou apparentés (représentants des communes, des services de l’Etat, les directions du port, de l’aéroport, du CHM, d’EDM…), les organisations professionnelles du BTP et les institutionnels (AFD, Caisse des dépôts (CDC), CCI, CMA)… bref, une assemblée économique impressionnante.