Cinq individus armés ont pénétré dans des bureaux sur les hauteurs de la convalescence à Mamoudzou en pleine journée. Ils sont repartis avec le matériel informatique. Une première.
La délinquance franchit à Mayotte une nouvelle étape. Après des cambriolages violents avec séquestration dans les habitations, ce sont des bureaux qui ont été la cible de cinq individus ce vendredi matin sur les hauteurs de la convalescence, des agresseurs particulièrement jeunes. «Pour moi, ils avaient entre 12 et 16 ans», explique Sanya, une des victimes présentes pendant le cambriolage.
Au total, dans les locaux du Cabinet mahorais de conseil, spécialisé dans le droit des affaires, il y a avait trois personnes ce vendredi sur les coups de 11 heures, la gérante, un chargé de mission et un client qui n’est autre que l’avocat Me Chakrina.
«Ils sont entrés très calmement et ils ont fait ‘chut !’», raconte Sanya. «Le premier avait un chombo, deux autres de très grosses pierres et un 4e un bâton et un 5e un couteau.»
Une action bien préméditée
«Ils étaient très bien organisés», relate Me Chakrina, qui était assis dos à la porte lorsque les individus sont entrés. «Il y en avait un sur le pas de la porte qui faisait le guet, un qui supervisait le cambriolage et les trois autres qui exécutaient.»
«J’ai voulu appeler la police avec mon téléphone. Un des jeunes a alors fait signe avec son chombo et il a dit ‘surtout pas’. J’ai posé mon téléphone et je lui ai dit de prendre ce qu’ils voulaient. Il s’est tourné vers les trois autres et leur a dit : ‘toi, prend l’ordinateur’, ‘toi, prend le téléphone’. Il a même demandé le chargeur.»
Le butin rassemblé, les cinq individus n’ont pas traînés. Ils sont partis en courant vers les collines de Kawéni. Trois d’entre eux ont été clairement identifiés par les victimes.
Un quartier sensible
Le quartier de la convalescence avait connu une certaine accalmie avec l’arrestation d’une bande mais les faits délictueux semblent à nouveau s’y multiplier. La gérante du cabinet a subi un cambriolage dans son habitation située à proximité, un soir à 22 heures, et cette semaine, une de ses voisines a été prise à partie. «Elle rentrait du boulot. Ils l’ont mise par terre et ils lui ont pris son sac», explique Sanya.
Me Chakrina veut lancer une véritable mobilisation de la société civile pour organiser « des conseils de quartiers avec des religieux, des jeunes, des associations, des riverains, pour lancer de véritables actions de lutte contre la délinquance. Il souhaite également mobiliser pour obtenir un classement de Mamoudzou et de Koungou en « zone de sécurité prioritaire ». Enfin, il souhaiterait la mise en place d’une véritable politique de coopération régionale pour retrouver, aux Comores, les parents d’enfants responsables de faits délictueux à Mayotte.
En ce mois de mai 2015, si le nombre de faits de délinquance semble relativement constant, il est indéniable, de source policière, que le nombre faits violents est très nettement orienté à la hausse.
RR
Le Journal de Mayotte