Le chantier du futur hôpital va démarrer très rapidement. Le JDM vous présente le projet retenu, en partie conçu à Mayotte, tout en simplicité et en élégance.
«Un beau projet». Etienne Morel, le directeur du CHM, est heureux de l’hôpital de Petite Terre qui entre dans sa phase de réalisation. Le concours d’architecte est terminé et il a été remporté par un groupement qui unit l’Atelier d’architecture hospitalière Alain Janiaud, de métropole, et le cabinet AROM, installé depuis plus de 20 ans à Mayotte.
Ce nouvel hôpital va regrouper l’ensemble des offres de soins de Petite Terre auxquelles va venir s’ajouter un nouveau service, destiné à l’ensemble du département. «Ce nouveau bâtiment permet de créer un service de SSR (soin de suite et de réadaptation), ce qu’on appelle la rééducation ou la convalescence. Aujourd’hui, soit on prolonge l’hospitalisation en médecine, soit les infirmiers libéraux prennent le relai, soit on a recours aux services de La Réunion. C’est donc une vraie évolution pour les Mahorais», explique Etienne Morel, le directeur de l’hôpital.
Ce service de SSR va s’installer à l’étage du nouveau bâtiment avec 40 lits adultes (20 de rééducation fonctionnelle et 20 de soins de suite) et 10 lits enfants.
Un projet en partie conçu à Mayotte
Dans ce nouvel hôpital, on trouvera également des permanences de soins, un cabinet dentaire, une radiologie et bien entendu la maternité avec un bloc, des consultations et 8 lits pour assurer environ 500 accouchements par an. Elle permettra de conforter l’autonomie de Petite Terre, par exemple en cas d’aléa climatique qui la couperait du reste du département. En fonctionnement normal, les accouchements sensibles continueront d’être transférés vers Mamoudzou.
Trois projets finalistes étaient en compétition, portés par des cabinets d’architecture prestigieux. «Ce qui a peut-être pesé en faveur de notre projet, c’est qu’une grande partie de la conception a été réalisée à Mayotte. Le cabinet métropolitain nous a laissé toute latitude pour travailler sur l’intégration du bâtiment dans son quartier. Il a aussi fait confiance à notre connaissance des contraintes locales comme le climat par exemple», explique Philippe Bayard, architecte chez AROM et chef de projet.
De grands débords de toitures
Ce qui frappe en regardant les planches, c’est l’élégance et la simplicité du bâtiment. «Nous n’avons pas voulu créer un monument mais plutôt des volumes qui pouvaient s’intégrer dans une échelle de ville propre à Petite Terre», précise Philippe Bayard.
Le geste marquant réside dans de grands débords de toits qui rythment le bâtiment. Ils abritent des varangues et assurent une bonne ventilation naturelle de la structure, réduisant la place des espaces climatisés. «Nous avons apporté une vraie attention à la notion de développement durable», assure Etienne Morel.
«De la même façon, comme les espaces sont profonds, nous avons travaillé à faire entrer un maximum de lumière tout en protégeant du soleil», détaille Philippe Bayard.
Risques sismique et cyclonique
«Les règles de construction européennes imposent de prendre en compte les risques sismique et cyclonique auxquels se rajoute le souhait du CHM de disposer d’un bâtiment avec une durée de vie très longue. D’où le choix d’une structure béton pour être sûr de rentrer dans les coûts et de réaliser du durable», explique Philippe Bayard.
Concernant le risque climatique, des jalousies motorisées peuvent venir fermer la structure pour renforcer la résistance à l’eau et au vent en cas de cyclone, pour que l’hôpital continue de fonctionner et qu’il puisse accueillir la population.
Des espaces libres pour l’avenir
Enfin, autre nouveauté, l’arrivée de la fibre optique permettra à l’hôpital de Petite Terre d’être relié avec Mamoudzou ou La Réunion. Le développement de la télémédecine avec des interventions guidées à distance pourra devenir une réalité.
Sur la parcelle de 15.000m², à peine les deux tiers de la surface sont utilisés pour cette réalisation. Le reste est réservé pour une future extension du service de SSR, la mise en place d’une unité de dialyse et la création éventuelle d’un EHPAD, un établissement pour personnes âgés. Et tout autour de l’hôpital, Etienne Morel espère qu’un quartier avec des commerces et des restaurants prendra vie.
Première pierre avant un long chantier
Le coût de cette opération est de 27 millions d’euros répartis entre l’Europe pour 64% (FEDER pour 17,32M€), l’Etat pour 16,5% (Ministère de la santé pour 4,45M€), le reste relevant de l’autofinancement (8%) et d’un emprunt (11,5% soit 3,1M€).
Après la dernière phase de préparation, 21 mois de chantier seront nécessaires, suivis de la phase d’installation des matériels. La mise en service effective est prévue dans trois ans et demi, pour la fin 2018 ou le tout début 2019.
Quant à l’hôpital actuel, il devrait être donné pour un euro symbolique au conseil départemental, en échange du terrain donné dans l’autre sens dans les mêmes conditions. Charge à lui de le valoriser.
Sachez que nous devrions entendre parler du lancement de ce chantier très officiellement dans quelques semaines. Du côté de Paris, il se murmure que le Premier ministre en visite les 12 et 13 juin prochains, pourrait en poser la première pierre.
RR
Le Journal de Mayotte