Il vivait la nuit, en solitaire, et avait un mode opératoire bien à lui. La «roussette» a été interpellée. L’homme est mis en cause dans 9 affaires de cambriolage dont celle de la maison du commissaire de police.
Quand on évoque des affaires de cambriolage à Mayotte, il est généralement question de jeunes voire de très jeunes individus qui opèrent en bande. Un premier repère la case qui va être visitée, un autre fait le guet pendant les «opérations», les autres agissent. Avec la «roussette», c’est exactement l’inverse. L’homme, âgé de 33 ans, est un solitaire. Avec lui, pas de violences ou de séquestrations de personnes en pleine journée. Il n’opère que la nuit. Pas de repérage non plus. Ses intrusions dans les habitations se font un peu au hasard.
Il agissait sans grande préméditation sur les lieux qu’il visitait, il ne préparait pas ses méfaits. Il s’adaptait. Lorsqu’il arrive par exemple devant une maison d’un quartier de Mamoudzou, il ne sait pas que le commissaire de police Miziniak y habite. Pour venir à bout des grilles, c’est chez un voisin qu’il va trouver un coupe-boulons. Il va alors, comme toujours, récupérer ce qu’il estime pouvoir revendre et s’en va.
Il monnaye son butin
Autre différence avec les petits malfrats habituels : la «roussette» ne vend pas son butin au rabais. D’habitude, il est assez désespérant pour les victimes d’apprendre que leurs ordinateurs, disques durs ou appareils photos numériques se sont écoulés pour à peine quelques dizaines d’euros. Lui, vend au juste prix.
L’homme est un clandestin, arrivé à Mayotte le 18 novembre dernier. C’est du moins ce qu’il a expliqué aux enquêteurs. Les gendarmes l’ont repéré dans une première affaire, un cambriolage commis à Bandrélé, le 6 décembre. La police le suit à son tour depuis le 22 décembre. Ce sont au moins 8 faits qui lui sont reprochés dans le grand Mamoudzou, une petite moyenne de deux par mois.
Interpellé à Kawéni
Mais il commet des erreurs, beaucoup même. Il laisse par exemple un nombre très important de traces de ses passages. Les gendarmes ont pu isoler 5 traces, les policiers plus encore : empreintes et ADN ne trompent pas. Mais encore fallait-il le retrouver. La gendarmerie a diffusé son visage dès le mois de décembre. Et c’est lors d’un banal contrôle, à Koungou, que des gendarmes vont le reconnaître. Ce week-end, l’interpellation a eu lieu dans un terrain vague de Kawéni, avant une garde à vue au commissariat.
Les policiers ne sont pas encore parvenus à localiser son banga. Une opération a été menée dans Kawéni, sans succès. Car la «roussette» est prêt à parler mais pas de tout. Protège-t-il une caverne d’Ali Baba ? Les enquêteurs ne le pensent pas. Il essaierait plutôt de ne pas exposer sa femme et ses proches, également en situation irrégulière.
En détention provisoire
Il n’évoque pas non plus tous les méfaits qu’il a commis. Car s’il est poursuivi dans 9 affaires, de nombreuses autres pourraient sortir dans un avenir proche.
En attendant, il a été présenté à un magistrat et placé en détention provisoire à Majicavo ce dimanche après-midi. Il y restera au moins jusqu’à mercredi, date à laquelle il devra s’expliquer à la barre du tribunal correctionnel de Mamoudozu en comparution immédiate.
RR
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