Venez vous jeter dans les Gueules d’amour

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L’association qui prend en charge depuis près de 10 ans, les chiens et chats errants de l’île, a ouvert son refuge. Elle fait appel aux bonnes volontés sur un territoire aux relations ambivalentes avec ses canidés.

Les "gueules d'amour"
Les « gueules d’amour »

Créée en août 2006 de la volonté de deux amies bouleversées par le sort des chiens sur le territoire, Nathalie Gantois et Dominique Fournaux, elle est devenue incontournable : « depuis sa création, Gueule d’amour a fait adopter 900 chiens et 600 chats, tous vaccinés, identifiés et stérilisés », indique Dominique Fournaux.

Les quinze bénévoles de l’association récupèrent les animaux, les soignent pour les re-sociabiliser. Le plus souvent, il s’agit d’abandon, « et la période actuelle est propice, avec les fins de contrats de fonctionnaires qui abandonnent leurs animaux lorsque ces derniers ont accompli leur mission ». Car le chien est devenu une arme sur une île où la délinquance est croissante : solution facile à adopter pour protéger ses biens, l’animal devient une charge à l’heure du départ, « certains invoquent la difficulté du climat métropolitain ou la vie difficile des appartements ».

Mais la vie difficile, l’animal abandonné va l’avoir à Mayotte : « l’année dernière, un chien avec les deux pattes arrières coupées, se trainaient sur ses pattes avant sur la route à Kawéni. » Des exemples comme celui-là, Dominique Fournaux en a à la pelle. Car chiens et chats servent aussi à de jeunes désœuvrés qui organisent des batailles entre animaux, les utilisent comme appâts lors de la chasse aux hérissons, ou dressent des meutes pour commettre des cambriolages dans les habitations…

Les animaux errants sont également devenus une plaie pour les récoltes et une menace lorsqu’ils ont faim. Un lieutenant de louveterie vient d’être réhabilité par la préfecture pour éliminer les animaux qui posent problème.

Poursuivis jusqu’en métropole

Des chiens parfois dressés au combat (ici à Koungou)
Des chiens parfois dressés au combat (ici à Koungou)

« Nous déposons des plaintes en tant que partie civile. Certaines ont récemment abouti avec des condamnations pour les auteurs de tortures », souligne la responsable de l’association qui précise que de tels actes sont punissables, « de 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende ». Et les propriétaires sont désormais « traçables » grâce aux puces implantées sous la peau des animaux, « ils peuvent être poursuivis jusqu’en métropole ».

Jusqu’à présent, l’animal recueilli était placé dans une famille d’accueil, mais sans véritable cadre juridique précis. Ils seront désormais accueillis aussi dans un refuge à Ongoujou (Dembéni) : d’une capacité d’une dizaine de chiens et du même nombre de chats, c’est le début d’une vraie prise en charge. L’Etat a participé à sa construction à hauteur de 126 000 euros, et 35 000 euros de fonds privés ont été récoltés. Une petite subvention de 10 000 euros par an est versée par la Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt.

Mais l’association doit se structurer avec ce pôle d’activité supplémentaire. D’autre part, si deux jeunes viennent d’être recrutés en Contrats Uniques d’insertion, elle a besoin d’un complément de financement, notamment pour fonctionner, et de bénévoles pour les tâches quotidiennes et épauler les actions en cours : les animaux sont confiés à l’adoption tous les premiers samedis du mois sur le stand de Gueules d’amour au marché de Coconi, et l’opération caddies sera reconduite le samedi 6 juin dans la galerie marchande de Jumbo score, pour récolter croquettes et litières.

Le refuge de l'association
Le refuge de l’association

La ligne téléphonique n’est pas encore remise en service, mais un site Facebook est à disposition : « Association Gueules d’amour ».

Tout partenaire, association, entreprise ou particulier est le bienvenu, pour encourager l’action d’une association qui est proche d’une mission de service public à Mayotte.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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