Chiconi : la rançon de l’austérité

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Les Chiconiens nous la font-ils à la grecque ou à l’espagnole ? Depuis mardi, les habitants de cette commune du sud de l’île bloquent la mairie pour réclamer le départ du DGS. L’austérité mise en place par le maire pour redresser les finances n’y est certainement pas étrangère.

Le maire Zaïnoudine Antoyissa et son équipe municipale
Le maire Zaïnoudine Antoyissa et son équipe municipale

Le directeur général des services (DGS) est le gestionnaire d’une collectivité. Daniel Anassi le sait lui qui travaille dans cette mairie depuis 13 ans. Mais depuis 2008 et l’arrivée de la nouvelle équipe, « il est mis au placard », ainsi que le dénonce le maire de la commune, Zaïnoudine Antoyissa.

Ce dernier, élu sous l’étiquette UMP aux dernières municipales, place l’agent à un poste qui lui revient pense-t-il, celui de DGS, et qui devra mettre en place une politique d’austérité : « j’ai découvert en arrivant un déficit financier de 2,8 millions d’euros. En une année, je l’ai réduit de 400 000 euros… ce n’est pas grand chose, mais en ne faisant rien, on s’enfonce. »

Car l’indexation des salaires que certains syndicalistes voulaient rapide, grève chaque année un peu plus les finances pour aboutir aux 40% promis en 2017.

Une indexation que le maire reconnaît comme juste, mais qui implique des adaptations : réduction des indemnités des élus de 20%, des suppressions de lignes téléphoniques, et même de téléphone de fonction pour certains adjoints, une révision du supplément familial avec reconstitution de l’ensemble des dossiers, « certains n’étaient pas clairs », une révision des indemnités fonctionnelles des agents, « trop élevées », une révision de carrières avec départs à la retraite négociés de 6 agents, et l’élaboration d’un tableau de simulation.

Ouverture de force de la mairie

Le maire lors de son élection il y a un an
Le maire lors de son élection, il y a un an

Bref, une politique de rigueur que le DGS est chargé de mettre en place et qui ne passe pas toujours bien auprès des agents. Mais ce n’est pas tout. Dans la fonction publique, les agents sont censés être évalués chaque année, « mais je me suis aperçu que cela n’avait jamais été fait », remarque le maire qui a donc demandé à son DGS de s’y mettre.

Zaïnoudine Antoyissa est d’autant plus surpris de cette demande de départ de son DGS, que c’est lui-même qui l’a évalué : « je suis mieux placé que quiconque pour connaître la valeur de son travail, et si je dois un jour le muter, bien d’autres le seront avant lui. »… Ambiance donc à Chiconi, où le principal reproche des manifestants porte sur le manque de communication dudit DGS. Le maire invite donc chacun à se rendre sur le site de la mairie, où nous avons eu l’agréable surprise de découvrir que la rubrique Actualités était alimentée par les news du JDM !

Un mouvement orchestré pour le maire, qui évoque un possible règlement de compte entre agents, mais qui comprend que les mesures d’austérité aient du mal à passer, « nous ne pouvons malheureusement pas faire autrement ». Il avance une ouverture forcée de la mairie s’il le faut, « nous avons une obligation d’accueil du public ».

Une gestion volontaire qui encouragera peut-être d’autres municipalités, avec comme référence un binôme qui s’épaule face aux contestations.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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