Une nouvelle affaire de yaourts volés: «Minuit 02, l’heure du crime», le retour

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CARNET DE JUSTICE DU JDM. C’est la 3e fois que nous vous parlons de ce jeune homme. Il a 20 ans et vit à Mayotte depuis 2010 et son arrivée du Congo via les Comores. Mais le voyage a été dramatique. Entre Anjouan et Mayotte, le kwassa s’est reversé et sa mère y a laissé la vie. Deux de ses frères et sœurs sont placés dans des familles mais ces grands ados seront bientôt à sa charge, lui, l’aîné qui vit pourtant dans l’errance.

Salle d'audience entréeS’il dispose d’un récépissé de réfugié, il n’a toujours aucun revenu… Il faut pourtant bien manger. Le 15 décembre dernier, le JDM vous racontait son passage devant le tribunal correctionnel pour un vol de yaourts dans un restaurant. Cette affaire avait été suivie, trois jours plus tard par une 2e, un cambriolage encore plus audacieux : des canettes de soda dans les locaux de l’Agepac. Il avait pris cher la gorgée : 12 mois de prison dont trois ferme et une mise à l’épreuve de deux ans.

Le revoici à la barre du tribunal correctionnel cette semaine. On lui reproche à nouveau le casse du siècle : dans la nuit du 10 au 11 décembre 2014, il aurait volé 3 yaourts Oula, dans le frigo d’un restaurant du centre de Mamoudzou… les yaourts étaient valables jusqu’au 10 janvier ont précisé les policiers dans leur PV d’interpellation.

Il risque 20 ans

A la barre, il est à côté de son complice présumé. Un jeune gars gentil, visiblement manipulable et avec quelques retards psychologiques. Il dit qu’il se trouvait là par hasard. Que le premier lui a demandé de faire le guet en échange de yaourt. On ne sait pas trop.

Salle d'audience A la barreMais pour le premier, «le faisceau d’indices» est assez clair. Interpellé à 2 heures de matin près de la barge, il avait encore trois yaourts dans son sac à dos ouvert. Plus grave, le voleur a laissé un tag sur le mur du resto. Comme dans la 1ère affaire de décembre, il est écrit sur le mur : «Minuit 02, l’heure du crime»… avec les fautes d’orthographe, cela donne «Minuit 02 Ler du crime».

Vous trouvez peut-être ça drôle mais pas le tribunal car, de fait, ce jeune homme est en état de récidive légale… Sans rire, pour ces 3 yaourts, il risque 10 ans doublés, c’est-à-dire rien de moins que 20 ans de prison.

Des yaourts qui valent cher

«Ce n’est pas l’affaire du siècle pour le préjudice», concède la procureure Prampart. «Mais ça reste préoccupant. Ces faits de cambriolage sont devenus le quotidien des policiers, des gendarmes, de cette juridiction et des Mahorais». Et s’appuyant sur le long passé judiciaire du délinquant du yaourt, elle réclame six mois de prison, ferme, auxquels s’ajoutent deux mois de révocation de sursis prononcés lors de condamnations précédentes. 8 mois pour un Oula, vivement l’arrivée des «Mamie Nova»!

Salle d'audience code pénalMe Gaem, l’avocate du prévenu, est en colère. «Comme à chaque audience, je suis surprise du peu de cas qui est fait de sa personnalité», s’étonne-t-elle. Elle retrace sa vie et son quotidien de misère. «On ne peut pas dire à Mayotte qu’on applique les mêmes textes de loi que partout en France alors que certains textes qui permettraient de changer la vie de mon client ne sont pas appliqués ! » L’avocate fait référence à l’allocation temporaire d’attente, versée sur les autres parties du territoire national sous certaines conditions aux demandeurs d’asile et à certaines catégories de ressortissants étrangers, et qui se monte, à 343€ par mois.

Travail d’intérêt général

«Toutes ces affaires qui s’accumulent, c’est autant de freins à son dossier de naturalisation et à son insertion», conclut-elle.

Le mangeur de yaourts est finalement condamné à 200 heures de travail d’intérêt général (TIG) et 3 mois de prison en cas de non-exécution. Son comparse à 60h de TIG et 1 mois de prison s’il ne les effectue pas.

Le jeune homme ne fera pas appel. Il suit des formations et voudrait simplement travailler. On espère, qu’à minuit 2 et autres heures de la journée, il ne soit plus en position d’ouvrir des frigos qui le conduiraient à rester longuement au frais.
RR
Le Journal de Mayotte

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