Mercredi et jeudi, les Forces armées de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) et la gendarmerie ont mené une opération conjointe de sécurisation et de contrôle sur l’îlot Mtsamboro. C’est la première fois que la Légion étrangère est engagée dans une telle mission.
C’est un changement d’échelle dans les missions contre l’immigration illégale menées sur l’îlot Mtsamboro. Ce petit bout de terre au nord de Mayotte est un véritable «hub» des migrations clandestines. Les kwassas y déversent en effet quasiment quotidiennement des migrants après une dangereuse traversée entre Anjouan et Mayotte. Ces clandestins sont ensuite plus ou moins pris en charge, moyennant d’importantes sommes d’argent, par des embarcations mahoraises, pour achever leur périple vers Grande Terre.
Si la gendarmerie mène régulièrement des opérations de répression sur l’îlot, la préfecture souhaitait taper plus fort pour désorganiser réellement ce système. L’idée est d’abord d’y rendre les accostages (beachages) plus difficiles. C’est l’objectif de ce nouveau type d’interventions qui engage de nombreux moyens avec en particulier la présence de la Légion étrangère, sur réquisition du préfet.
Les FAZSOI sur le terrain mahorais
L’ensemble des moyens militaires positionnés sur l’île de Mayotte est mis à contribution : outre le détachement de Légion étrangère de Mayotte (DLEM), on y trouve les moyens nautiques de la Marine nationale et le service de santé des armées qui viennent en appui des forces de gendarmerie.
C’est donc la première fois que des éléments des Forces armées de la zone Sud de l’océan Indien (FAZSOI) sont engagés sur un tel terrain d’opération, même si des missions de «nomadisation», au sud et au nord du département, étaient déjà régulièrement réalisées.
«Cette opération entre dans le cadre du contrat opérationnel des FAZSOI qui prévoit une participation des forces armées à l’effort collectif des services de l’Etat. Le DLEM est notamment intervenu en avril 2014 sur la commune d’Acoua, sinistrée après le passage d’Hellen», indique la préfecture qui rappelle qu’en Guyane, les militaires interviennent en appui de la gendarmerie dans le cadre des opérations de lutte contre l’immigration et l’orpaillage clandestins.
Le début d’une campagne
Concrètement, sur l’îlot Mtsamboro, la mission a débuté mercredi à la mi-journée et s’est s’achevée en fin d’après-midi hier jeudi, avec patrouilles sur tous les chemins de l’îlot, présence sur les plages mais aussi balisage GPS, récupération de barque et recherche d’éventuels moteurs cachés… Il s’agit du lancement d’une véritable campagne appelée à durer. Car ces missions combinées et d’autres encore seront reconduites dans les jours et les semaines à venir. Elles pourront même s’étaler sur plusieurs jours.
Si l’attente est forte de la part d’une partie de la population et de certains élus, il s’agit aussi de créer une véritable insécurité pour ceux qui profitent de ce trafic humain en affrétant des barques entre Grande Terre et l’îlot. Pour que ce business de la misère mette enfin aussi en danger ceux qui se remplissent les poches.
RR
Le Journal de Mayotte