L’institut thérapeutique, éducatif et pédagogique accueillait les familles de ses élèves. Les jeunes présentaient leurs créations musicales et les clips créés lors d’un atelier avec Khalifa.
«La musique doit servir à éduquer tout en explorant les profondeurs de l’âme». La phrase est de Khalifa, auteur et interprète, venu assurer un atelier pédagogique avec la vingtaine de jeunes scolarisés à l’ITEP (Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique) Mar’Ylang de Kahani, la seule structure de Mayotte qui prend en charge les enfants atteints de trouble du comportement dans un cadre scolaire.
L’artiste, originaire de Caen, a déjà sorti quatre albums mais il s’investit aussi dans des ateliers musicaux très atypiques. Il a ainsi travaillé en milieu carcéral en métropole, dans des camps de réfugiés en Palestine ou encore pour les enfants des quartiers à Oran en Algérie, la ville natale de ses parents.
A Kahani, il a passé 10 jours avec les élèves répartis en 3 groupes. «Avec les 7-9 ans, je me suis appuyé sur le travail de l’équipe éducative pour parler des valeurs de l’amitié. La nécessité de se regarder dans les yeux, de dire bonjour et de faire confiance pour évoluer dans un groupe», explique Khalifa.
La visite des familles
Les 10/12 ans, abreuvés de Hip Hop violent et caricatural, ont eu droit à une autre approche de cette musique qui peut aussi véhiculer des messages de paix. Enfin, les plus grands, les 13-17 ans, «ont souhaité parler de respect et de leur reconnaissance pour Tama (responsable de l’ITEP)», relève Khalifa, toujours sensible aux messages que les jeunes souhaitent porter dans les différents environnements où ils se trouvent.
Pour l’ITEP, ces ateliers éducatifs de création musicale et de mise en scène étaient une première. Ecriture de textes, composition, enregistrement de chansons, atelier scénique… et réalisation de clips vidéo, projetés ce lundi aux proches, familles et amis, venus spécialement assister à ces festivités de fin d’année.
Un temps pédagogique plus long
A Mar’Ylang pourtant, l’année scolaire est loin d’être achevée. Si les enseignants sont calés sur les rythmes scolaires «classiques», les élèves bénéficient de temps éducatifs plus longs, avec d’autres types d’apprentissage. La scolarité se termine ainsi le 15 juillet pour reprendre le 15 août.
Ils ne seront que quelques enfants parmi la vingtaine de cette année à retourner à Mar’Ylang. Certains auront 18 ans et ne pourront plus y être scolarisés, d’autres partiront vers d’autres structures, certains rejoindront des écoles «classiques». «Pour certains, l’ITEP doit être un passage pour acquérir des savoirs et réapprendre des fonctionnements», indique Marion Bréziat, chef de service.
24 places pour tout Mayotte
La structure va évoluer à la rentrée. L’ITEP pro ferme ses portes pour redéployer les 24 places disponibles en direction de plus jeunes, à condition que les notifications de la MPH suivent. Huit places supplémentaires seront créées en SESSAD (service d’éducation spéciale et de soins à domicile). 32 places alors que la moitié de la population a moins de 17 ans et demi, il semble évident que la prise en charge est très loin d’être à la hauteur des enjeux.
Il est trop tôt pour dire si cet atelier de création musicale, qui entre dans la convention «culture-santé» de la DAC (direction des affaires culturelles de la préfecture) et l’Agence régionale de Santé (ARS), sera reconduit.
Ce lundi, Alexandra Bouysse, enseignante spécialisée semblait aussi heureuse que les jeunes de l’atelier. «Ils ont découvert un studio de musique, un micro et par la même occasion leur voix», se réjouissait-elle. Et la timidité au moment de présenter leur clip était bien oubliée lors des impros de rap au micro quelques minutes plus tard.
RR
Le Journal de Mayotte