Le rapport alternatif 2015 de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance) vient de sortir. Il dresse de nouveau un tableau noir de la condition de certains enfants et adolescents en France. Et dénonce l’absence de réactions à Mayotte.
Avec «trois millions d’enfants qui vivent en dessous du seuil de pauvreté», soit un sur cinq, le rapport de l’UNICEF accuse sur l’ensemble du pays «une gouvernance qui n’est pas encore à la hauteur des enjeux», face à des enfants «vulnérabilisés par la pauvreté», «un fossé inégalitaire entre les élèves scolarisés», mais aussi, avec ceux qui ne le sont pas, des enfants et adolescents qui grandissent encore en bidonville, des mineurs isolés «encore traités comme des étrangers plutôt que des adolescents à protéger».
Bref, «la protection des enfants contre toutes formes de violence n’est pas encore assurée en France et la justice des mineurs ne doit pas perdre de vue ses fondamentaux et doit regagner son rang».
Mayotte n’est naturellement pas épargnée. Et à la veille de l’arrivée de Manuel Valls, il est bon de rappeler que de très nombreux mineurs (entre 3.000 et 6.000) vivent sans véritable référent familial et sont plus ou moins livrés à eux-mêmes.
L’organisme international critique bien entendu la gestion départementale avec un budget de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de 1,8 million là où il devrait être de 21 millions d’euros en rapport avec le recensement de la population. «Une situation alarmante», avait dénoncé le Défenseur des droits à Mayotte en février dernier, mais l’UNICEF ne note aucune avancée depuis.
D’où sa 23ème recommandation, sur 36, dédiée à la condition des enfants sur notre île : «Faciliter et encourager la création d’établissements de l’Aide Sociale à l’Enfance ou habilités au titre de l’Aide Sociale à l’Enfance sur l’île de Mayotte afin de répondre en partie à la situation de détresse criante des enfants et adolescents isolés. Procéder à l’installation d’une conférence permanente des droits de l’enfant sur l’île de Mayotte et au déploiement d’une mission d’appui tel que demandé par le Défenseur des droits.»
«Chaque enfant compte. Partout, tout le temps», glisse Michèle Barzach, présidente de l’UNICEF France, en préambule du rapport. Le Conseil départemental qui assure avoir pris conscience des enjeux à Mayotte, devra garder cette phrase en tête, mais ne pourra agir seul en raison des arrivées continues en provenance des îles voisines.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte