Le document Mayotte 2025 a été dévoilé lors de la visite du premier ministre. Si ce dernier a répété qu’il deviendra ce que la population en fera, on peut en tout cas dire qu’il a tenté de synthétiser les ateliers qui lui ont donné son contenu.
Mayotte est le 101e département. S’il n’en a pas encore tout l’habillage, c’est qu’il s’agit de garder un fragile équilibre comme le dit en préambule le document Mayotte 2025, il faut « parachever la départementalisation de Mayotte dans le respect des équilibres du territoire ».
Et pour parachever cette départementalisation, le document commence par la volonté de donner un cadre institutionnel performant avec comme objectif pour 2025 de « Parachever la départementalisation, renforcer les collectivités territoriales et conforter la réorganisation de la réforme territoriale de l’Etat ». Le deuxième volet porte sur une éducation de qualité, des formations et une politique d’insertion au service de la jeunesse, « pour assurer les conditions de réussite éducative des jeunes mahorais »
Il propose ensuite d’aboutir à un tissu économique développé, pour « en 2025, contribuer à résorber le déficit d’équipements et accompagner le renforcement de filières économiques pérennes au soutien de l’emploi et de la compétitivité ». Il poursuit par un secteur sanitaire et une cohésion sociale exemplaire, « pour contribuer à l’amélioration de la santé des Mahorais, protéger la jeunesse en danger et partager un agenda social ambitieux ».
Au-delà de ses espérances
L’avant-dernier thème porte sur la politique de l’habitat et de la ville, adaptée aux enjeux du territoire et aux risques naturels, avec en ligne de mire la libération du foncier pour faciliter la mise en place d’une politique du logement ambitieuse.
Enfin, c’est la gestion durable des richesses naturelles qui est visée, pour « valoriser les richesses naturelles et la biodiversité du territoire et accélérer la mise en place des équipements indispensables à la gestion des ressources et des déchets. »
Le député Ibrahim Aboubacar, qui a managé l’atelier du Cadre institutionnel, et surtout qui revendique avoir porté ce document, nous a livré toute sa satisfaction : « je suis fier de ce document qui va au-delà de ce que j’espérais. »
Un document qui prend le relai d’un Pacte pour la départementalisation, qui avait été vécu comme imposé par le gouvernement Sarkozy, « personne ne l’avait d’ailleurs signé », remarque Ibrahim Aboubacar. Ce samedi, aux côtés de la signature de Manuel Valls, figuraient celles des quatre parlementaires, du président du conseil départemental, du président du conseil économique et social et du président de l’association des maires.
Accompagner les partenaires sociaux
C’est « un document historique », selon lui, au sens qu’ « il assure pour la première fois une visibilité qui va au-delà du Contrat de projet et des fonds européens ».
Il prend l’exemple des conflits sociaux actuels qui prennent racine dans un code du travail encore trop éloigné de celui de métropole : « le document-cadre donne l’échéance de son processus de transposition en 2018. »
Un document qui répertorie des chantiers précis, mais qui ne tranche pas dans tous les domaines. Aucune date n’est donnée sur un rattrapage final du RSA, et les différents points ne sont pas chiffrés.
Autre thème qui tenait au cœur du député, l’avenir des cadis : « c’est un changement radical d’approche avec un calendrier de travail qui aboutira à une redéfinition des missions et des statuts des cadis. » Pas d’administration cadiale malgré tout, mais des réunions sont en cours avec notamment des représentants du tribunal, pour travailler de concert.
Mais que faire de ce document maintenant ? Il faut en effet communiquer pour que chacun s’approprie ce document-cadre : « il va falloir élaborer un agenda social, avec les partenaires sociaux et une instance comme la Dieccte, et surtout accompagner les acteurs ».
Nous reviendrons plus en détail sur les points-clefs avec les acteurs qui ont contribué à l’élaboration de ce document cadre.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte