Manuel Valls a annoncé ce samedi 13 juin vouloir « travailler » pour lancer les démarches de classement du lagon de Mayotte au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ainsi commence un long processus de protection, de valorisation… mais aussi de constitution de dossier.
Vouloir intégrer le lagon de Mayotte dans la liste des sites naturels du patrimoine mondial de l’UNESCO, comme un eurodéputé en avait lancé l’idée, c’est enclencher un long processus d’inscription qui se passe en quatre étapes. Le conseil départemental travaille déjà sur le dossier pour que notre lagon entre dès à présent dans la première phase en intégrant la «liste indicative» française, un inventaire à partir duquel la proposition peut être faite auprès de l’organisme des Nations-Unies.
Viendra ensuite le montage du dossier de proposition d’inscription. La France a déjà une longue expérience mais elle pourra toujours trouver l’appui du Centre du patrimoine mondial qui conseille les Etats. Ce dossier doit être aussi exhaustif que possible, avec toute la documentation (état, protection, valorisation…) et les cartes requises. Lorsqu’il est complet, le Centre l’envoie à l’organisation consultative compétente pour une évaluation.
La 3e étape consiste donc en une évaluation de la candidature par deux organisations consultatives indépendantes, désignées par la Convention du patrimoine mondial : le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) et l’Union mondiale pour la nature (UICN).
C’est à ce moment-là que le Comité du patrimoine mondial doit se prononcer. Cet organisme intergouvernemental se réunit une fois par an et décide des sites qui seront effectivement inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.
De nombreuses obligations
Sur le papier, le lagon de Mayotte semble tout indiqué pour figurer au patrimoine mondial dont les sites «doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle» et doivent satisfaire au moins un des dix critères de sélection.
Mais attention, être reconnu comme possédant une «valeur universelle exceptionnelle» implique de nombreuses obligations.
Une fois inscrit, le site ne bénéficie pas d’une réglementation spécifique mais doit se caler sur des obligations générales qui découlent de la Convention de l’UNESCO et du droit national pour garantir sa préservation.
L’État doit ainsi «prendre les mesures juridiques, scientifiques, techniques, administratives et financières adéquates pour l’identification, la protection, la conservation, la mise en valeur et la réanimation de ce patrimoine ».
Dans les pas de La Réunion et de la Nouvelle-Calédonie
D’autres obligations résultent de la décision du Comité du patrimoine mondial. Cela peut être «une application efficace du plan de gestion du bien», le «maintien à long terme de ressources financières et humaines suffisantes», la «gestion des activités économiques» humaines pour ne pas nuire à «l’intégrité» du bien ou encore «l’élaboration et l’application efficace d’une stratégie de développement touristique», comme ce fut le cas après le classement du Maïdo à La Réunion.
Et un suivi précis de l’état de conservation des sites est régulièrement réalisé par le Comité du patrimoine mondial.
A Mayotte, ce sera donc un vaste programme qui ira de la gestion de la pêche à l’assainissement… un chantier qui devrait durer de nombreuses années. Si on regarde l’exemple de la Nouvelle-Calédonie, il a fallu 9 ans entre l’idée émise en 1999 et l’inscription le 7 juillet 2008.
39 sites français au patrimoine mondial
Le lagon néo-calédonien, 2e plus grande barrière corallienne continue du monde après celle de l’Australie, a réussi à inscrire 15.000 km2 de corail sur les 23.000 km2 que constitue la zone totale, et six espaces marins avec des écosystèmes particuliers.
Il s’agissait à l’époque du 33e site français inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO (il y en a 39 aujourd’hui), et le deuxième à être uniquement naturel, après le Golfe de Porto en Corse. Depuis, les pitons, cirques et remparts de l’île de La Réunion ont été inscrits en 2010.
A noter que 15 sites naturels ou mixtes (naturels et culturels) sont déjà inscrits dans la liste indicative française, dont les îles Marquises en Polynésie, le Mont Blanc dans les Alpes, la Camargue en Provence ou encore les aires volcaniques et forestières de la Martinique.
RR
Le Journal de Mayotte