Plutôt que d’égrener les chiffres issus des 200 pages de son rapport de l’année 2014, l’antenne mahoraise de l’institut d’émission a préféré se focaliser sur certains secteurs, révélateurs des difficultés qui freinent le développement de Mayotte. Avec quelques remises en cause…
Une analyse de la situation économique « sans langue de bois », avait prévenu en préambule Yves Mayet, le directeur de l’Institut d’Emission des départements d’Outremer.
Et en effet, les médias en ont eu pour leurs oreilles ce mercredi matin dans les locaux de la rue de la préfecture à Mamoudzou : l’enveloppe non consommée de la formation à la gestion des fonds européen, le niveau des enseignants, le retard important du territoire en infrastructures… Face à un constat affligeant qui va faire grincer des dents un peu plus bas dans la rue, le directeur de l’IEDOM et son équipe ont lancé des propositions.
Si les statistiques produites sont parmi « les plus fines de tous les DOM », Yves Mayet faisait aussi remarquer que certains indicateurs datent, tel le PIB de 2011, ou la valeur ajoutée des entreprises de 2005.
En 2014, deux faits marquent l’évolution de Mayotte : l’accès au statut de région ultrapériphérique européenne (RUP), et l’application du droit commun, dont l’octroi de mer. L’économie vit de transferts depuis la métropole, plus encore que les autres départements d’outre-mer étant donné son développement embryonnaire. Ce sont donc la commande publique et la consommation qui boostent l’économie.
Capacité des fonctionnaires à gérer
Mais pour cela les communes doivent dégager de l’épargne pour pouvoir investir, notamment dans leur apport de 20% aux fonds européens, et pour les préfinancer en attendant le remboursement de Bruxelles. Pas facile quand on a une masse salariale en hausse, notamment du fait de l’indexation des salaires qui atteindra 40% en 2017.
Le Contrat de projet Etat-région 2015-2020 est théoriquement là pour assurer une partie de l’investissement. Seulement voilà, le précédent n’a été exécuté qu’à hauteur de 80% et plus grave, consommé à moins de 60%, essentiellement par déficience du Conseil général. Cela voudrait dire qu’il ne faudra compter que sur une grosse moitié des 378 millions annoncés, et donc d’autant moins en fonds européens.
En vertu de ces difficultés, l’année 2015 est annoncée comme le fut 2014, « une année d’ajustement, surtout que l’enveloppe débloquée par l’Europe pour former les futurs gestionnaires n’a pas été totalement consommée, et que l’on peut se demander si les fonctionnaires qui arrivent sur l’île peuvent se prévaloir d’une expérience de gestion des fonds européens »… la préfecture appréciera ce tacle de Pascal Thiais, Responsable du service études économiques et Etablissements financiers de l’IEDOM.
Un stockage en eau potable non sécurisé
Quatre secteurs révèlent les facettes de Mayotte. Le secteur bancaire pour commencer, qui est encore très jeunes malgré ses 135 salariés et ses 33 guichets répartis sur le territoire. La proportion de la population a détenir un compte bancaire, bien qu’encore faible, progresse de 53% en 2010 à 60,4% en 2014. « Elle va encore s’accroitre avec l’arrivée des prestations sociales et les démarches administratives », prédit Watwani Tavanday.
Le résultat est un fort besoin en liquidité, l’émission de monnaie est de 15% par an, alors qu’elle diminue en métropole, « explicable par le flux d’immigration clandestine qui utilise ce moyen de paiement. »
Les tarifs bancaires ne sont pas jugés exorbitant, « surtout que les banques prêtent plus qu’elles n’ont en dépôt à Mayotte, et doivent se refinancer ailleurs. »
Le secteur de l’énergie ensuite. La forte croissance de production d’électricité de 5% en 2014 s’explique par la croissance combinée de la démographie, du niveau de vie des ménages et des besoins professionnels. Le photovoltaïque est toujours freiné par l’absence de capacité de stockage. Même problème avec l’eau potable dont les besoins suivent la même courbe, « mais la capacité de stockage qui devrait être de 24h en heure de pointe n’est que de 12 heures d’autonomie », alerte Bénédicte Daubin.
2.400 véhicules neufs chaque année sur les routes
Deux interrogations demeurent : « a-t-on les moyens de financer durablement l’assainissement en eau quand on voit qu’à Paris il représente 55% de la facture ? Même question pour le tri sélectif au regard des capacités financières de la population », interroge Yves Mayet.
Du côté des transports, Mayotte n’est pas lotie du tout : état de routes, maigre réseau qui provoque des embouteillages quotidiens… « Avec 2.400 véhicules nouveaux vendus chaque année par les concessionnaires et une activité concentrée sur Mamoudzou, il faut arriver à une solution urgente », commente Afidati Mkadara qui note que des études sur les transports urbains et interurbains sont en cours, et appelle à une réflexion sur le gestionnaire d’un éventuel pont entre les deux îles. Yves Mayet pointait du doigt les gros retards en terme d’infrastructures.
Des chiffres qui en disent plus long qu’un long discours. En particulier en matière d’Education à laquelle nous consacrons un article complet.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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