Radicalisation religieuse: Mayotte bien moins concernée que La Réunion

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Un rapport d’enquête parlementaire se penche sur la radicalisation religieuse et donne un accès aux chiffres des signalements dans les différents départements. Selon cet indicateur, Mayotte resterait relativement préservée.

La Mosquée Moufia de Saint-Denis  (Crédits photo : Thierry Caro/ Wiki Commons) http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Mosqu%C3%A9e-Moufia-2512.JPG#/media/File:Mosqu%C3%A9e-Moufia-2512.JPG
La Mosquée Moufia de Saint-Denis
(Crédits photo : Thierry Caro/ Wiki Commons)

Selon les derniers chiffres disponibles du ministère de l’Intérieur arrêtés au 15 mai dernier, neuf cas de radicalisation religieuse ont été signalés à Mayotte, un de plus qu’au mois de mars. Ce chiffre est le même en Martinique, contre 8 en Guadeloupe. Il est à mettre en rapport avec les 63 signalements à La Réunion qui reste, de loin, le DOM le plus concerné.

En métropole, on recense le plus grand nombre de cas de radicalisation potentielle en région parisienne (Seine-Saint-Denis 160, Seine-et-Marne 156, Paris 145, Val-de-Marne 130, Yvelines 128, Val-d’Oise 125) et dans les Alpes-Maritimes avec 156 cas.

Ces chiffres ont été publiés dans un rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la surveillance des filières et des individus djihadistes, présidée par Eric Ciotti, avec Patrick Mennucci comme rapporteur.

La sociologie des croyants

Lors de ces travaux, la commission d’enquête a auditionné quelques spécialistes de la radicalisation parmi lesquels Dounia Bouzar, anthropologue du fait religieux et directrice générale du centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam.
MosquéeLe 12 février dernier, Boinali Saïd avait l’opportunité de l’interroger sur le relativement faible nombre de signalements constatés dans notre département alors le député relevait que chez nous «se pratique un islam influencé par la proximité de l’islam iranien, qatari ou soudanais, et que l’on pourrait considérer comme un terrain propice au basculement vers l’intégrisme.»

Pour Dounia Bouzar, cette différence entre Mayotte et la métropole s’explique par la sociologie des musulmans de l’hexagone. «Dans les familles issues de l’immigration maghrébine, agnostiques, athées ou non pratiquantes, la transmission des valeurs de l’islam s’est mal faite», explique-t-elle.

Confusions et amalgames

Et elle renvoie la responsabilité de ces dérives radicales au débat public qui «dans notre pays n’a pas fait ses preuves, notamment depuis dix ans.» Elle note que «notre système de citoyenneté aurait dû nous prémunir contre (le djihadisme) et nous permettre de mieux saper son autorité.
Mosquée de Labattoir fidèleMalheureusement, nous n’avons pas su identifier ses germes. À force de discours confus sur la laïcité et d’amalgames entre musulmans et intégristes, nous avons abouti à une gestion du fait musulman, tantôt discriminante, tantôt laxiste, laissant, dans l’entre deux, toute latitude aux radicaux pour se faire passer pour de simples musulmans orthodoxes.»

Conséquence, les partisans du Djihad peuvent «tirer tout le profit de la liberté de conscience attachée au principe de laïcité qui fonde notre société.»

Des imams formés à la culture républicaine

Le rapport a également permis aux députés de travailler sur la question de la formation des imams qui, selon le rapport, doivent être dotés «des arguments nécessaires pour contredire et démonter la rhétorique des djihadistes qui, de l’avis d’une personne entendue, ‘dévoient les textes sacrés et les valeurs de l’islam’».

Mosquée Tsingoni réunion religieuxLe ministère de l’Intérieur en a profité pour redire son encouragement à «la création des diplômes universitaires de formation civile et civique dont l’enseignement porte sur la laïcité, le fait religieux en France, le droit des cultes et les institutions dans le cadre d’un enseignement d’environ 130 heures. Il est notamment destiné aux ministres du culte musulman (imams et aumôniers).»

Six diplômes universitaires sont actuellement délivrés à l’Institut catholique de Paris, à l’université de Lyon III (avec l’Institut catholique de Lyon), à l’université de Strasbourg, à l’université de Montpellier I, à celle de Bordeaux IV ainsi qu’à l’institut d’études politiques (IEP) d’Aix en Provence. En septembre 2015, trois nouveaux diplômes universitaires devraient voir le jour à l’université de Lille, à Paris XI et à Toulouse I (en partenariat avec l’Institut catholique), avant ceux de La Réunion et Mayotte.
RR
Le Journal de Mayotte

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