Le cadeau immobilier de l’Ide

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Cinq maisons étaient livrées à leurs propriétaires ce jeudi matin dans la commune de Chirongui : l’Etat et la commune ont mis en œuvre les dispositifs d’accession au logement social pour donner un gros coup de pouce à ces nouveaux habitants.

Au centre, l'heureux propriétaire Abdoulatuf Madi, entouré par la maire Hanima Ibrahima, de Claude Bailly et de El Amine (DEAL)
Au centre, l’heureux propriétaire Abdoulatuf Madi, entouré par la maire Hanima Ibrahima, de Claude Bailly et de El Amine (DEAL)

C’est un petit lotissement aux maisons multicolores, entourées d’un petit lopin de terre, qui se dresse sur les hauteurs de Poroani, dans la commune de Chirongui. Et ce sont cinq portes qui se sont ouvertes ce matin pour d’heureux nouveaux propriétaires. « Un cadeau de l’Ide », dira madame la maire, Hanima Ibrahima, qui se bat pour l’accession à la propriété aux logements sociaux.

Abdoulatuf Madi nous fait visiter son nouveau logis sur ses 82m2 de terrain : la maison en T5 est livrée avec tous les équipements, hors peinture et couverture au sol, mais munie d’un assainissement individuel, raccordable au collectif dont le réseau existe dans le lotissement, précise la maire. « J’habitais jusqu’à présent avec mes 5 enfants dans la maison de ma famille, ils dormaient tous dans la même chambre. Là, nous aurons de l’espace », raconte le chef de famille. Il est professeur des écoles, ou du moins c’est bien parti puisqu’il est en 2ème année au CUFR de Dembéni, après avoir enseigné pendant 10 ans.

Propriétaire pour 50 à 100 euros par mois

Le lotissement à Poroani
Le lotissement à Poroani

C’est une acquisition un peu spéciale celle qui régit les logements sociaux et très sociaux, puisque le futur propriétaire n’initie pas les démarches avec la banque comme nous l’explique Claude Bailly, Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL) : « le dossier du candidat à l’accession sociale est examiné en commission d’éligibilité qui donne ou pas son aval après examen des revenus. Ensuite, c’est l’organisme Mayotte habitat qui joue les intermédiaires entre l’opérateur qui est la Société Immobilière de Mayotte, l’acheteur et la banque pour l’obtention du prêt. » Une garantie pour les établissements bancaires qui n’auraient pas accordé de prêt à ce type de dossier.

La Caisse d’allocations familiales verse alors l’allocation logement directement à Mayotte habitat, qui recouvre le reste auprès du propriétaire, « de petites sommes allant de 50 à 100 euros pour les Logements à accession très sociale (LATS) », rapporte Hanima Ibrahima, puisque l’Etat prend en charge 75% du montant total dans ce cas, et 50% pour les LAS (Logement à Accession sociale). Ainsi, Abdoulatuf Madi, salarié, a acquis son bien sous le régime LAS, et devra acquitter des échéances plus élevées, « 400 euros par mois parce que j’ai préféré souscrire sur 5 ans et non 10, et m’en débarrasser rapidement ».

Maison payée cash

Nassuhati Abdou détient les clefs de sa maison fraichement acquise
Nassuhati Abdou détient les clefs de sa maison fraichement acquise

Un peu plus loin, Nassuhati Abdou tient une clef dans sa main, celle de sa maison disposant d’un salon et de deux chambres. Elle touche le RSA mais grâce à des économies, et à la participation de la commune à l’apport personnel de chacun, elle est fière de nous l’annoncer : « j’ai payé en trois fois la totalité de ma maison, 4.000 euros. » Mais lorsque nous évoquons l’impôt foncier dont elle devra s’acquitter, elle lève un regard interrogateur… Une information qui n’est manifestement pas encore passée.

Les prix sociaux proposés grâce à l’aide de l’Etat, imposent une contrepartie : « le propriétaire ne peut ni vendre, ni louer son logement pendant 12 ans. S’il devait le quitter, il rembourserait l’aide de l’Etat. » C’est donc un vrai engagement de la part des propriétaires, et charge à eux d’entretenir correctement leur nouveau home sweet home.

L’accession à la propriété en social est très compliquée à Mayotte. Tout d’abord parce qu’il faut trouver du foncier libérable pour ces programmes, dont le futur propriétaire doit naturellement se porter acquéreur. Mais aussi, par la complexité de la mesure : « c’est très technique », confirme Hanima Ibrahima, « il faut suivre constamment les dossiers, être derrière les familles. Le maire doit avoir une solide équipe comme nous à Chirongui pour s’y attaquer. »

De ce fait, depuis le lancement de la mesure, peu de familles ont pu y accéder, « environ 130 depuis que les LATS sont lancés », dont 40% sur la commune de Chirongui avance la maire. Il faut dire que l’absence des aides aux logements n’avait pas aidé à son décollage. »

A Poroani, tous ces logements n’ont pas été livrés, « 16 sur les 39 prévus », indique Yannick Douillard, Conducteur de travaux à la SIM, « trois le seront fin juillet, les autres sont en attente de signature des prêts bancaires ».

L’ambiance était à la fête avant la fête, car si les maisons n’auront pas encore leur peinture murale pour l’Ide, c’est un beau cadeau de ramadan qu’ont reçu ces familles.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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