Parlementaires et élus locaux ont écouté des syndicats policiers réunis en intersyndicale. Ambiance «dégradée» au commissariat et «injustices» sociales entre policiers locaux et extérieurs… les syndicats donnent de la voix. Les élus et le préfet commencent à répondre.
L’événement est suffisamment rare pour être souligné. Ce dimanche après-midi, dans l’hémicycle Younoussa Bamana, l’intersyndicale de la police accueillait les élus qu’elle avait sollicités. On trouvait côte à côte, les 4 parlementaires de Mayotte, le maire de Mamoudzou et le président de l’association des maires auxquels s’est ajouté le conseiller départemental du canton de Mamoudzou 2. Ils étaient venus entendre les doléances de cinq syndicats*. Seul manquait à l’appel le président Ramadani qui pourrait les rencontrer ultérieurement.
Ce sont d’abord «les difficultés rencontrées par les policiers insulaires vis-à-vis du commissaire divisionnaire M. Philippe Miziniak», que l’intersyndicale souhaitait aborder. Ce sont certains contenus de communiqués de presse qui sont pointés du doigt ou encore une note de service sur l’aménagement des horaires en période de ramadan avec «des maladresses» de nature à blesser les fonctionnaires mahorais.
Des dysfonctionnements
On parle aussi d’un fléchage de poste pour la prise des plaintes vers des fonctionnaires maîtrisant la langue mahoraise. «Ces postes sont particulièrement contraignants et peuvent, en réalité, être assurés par tous les fonctionnaires car le commissariat peut travailler avec des interprètes assermentés», relève l’intersyndicale.
A ces «dysfonctionnements» s’ajoute le sentiment des officiers mahorais de ne pas être écouté. De quoi contribuer à alimenter une ambiance générale jugée «très dégradée» avec un taux très élevé d’absentéisme pour différentes causes. «Entre le 1er janvier et le 9 juillet 2014, nous avions 723 jours d’absence des fonctionnaires. Sur la même période cette année, nous atteignons 2.869 jours !» dénonce Chaharoumani Chamassi, membre de l’intersyndicale. «Et pourtant, le taux de présence sur le terrain reste très élevé», tient-il à souligner.
«Injustices sociales»
Ces tensions interviennent au moment où l’intersyndicale veut dénoncer ce qu’elle considère comme des discriminations sociales à l’encontre des policiers mahorais. «Les policiers extérieurs bénéficient de 23 mois de salaire brut d’indemnité et de 6 mois de congés administratifs après deux ans de mission», constate l’intersyndicale. «Concernant les allocations familiales, tous leurs enfants peuvent pris en compte alors que le policiers mahorais ne peuvent faire valoir que trois enfants au maximum.»
«Ces différences sont vécues comme des injustices», dénoncent les syndicats policiers.
Face à eux, les politiques ont écouté et ont envoyé hier à la mi-journée un communiqué indiquant avoir pris «acte de leurs doléances, de l’urgence qui s’y attache, tout en leur exprimant (leur) préoccupation, qui est celle de la population toute entière, de voir garantie la sécurité des personnes et des biens dans la circonscription de la police nationale comme dans tout le Département de Mayotte.»
La «confiance de l’Etat»
«Nous avons pris en retour, collectivement, l’engagement de rendre compte de cet échange dans les plus brefs délais au représentant de l’Etat et de l’interpeller afin que soient trouvées rapidement les solutions d’apaisement, fondées sur de nouveaux rapports avec la hiérarchie, qui permettent à tous les agents de la police nationale d’exercer leur difficile mission, dans les meilleures conditions possibles, et en tout état de cause, dans la dignité et le respect mutuel», note le communiqué diffusé par le député Aboubacar et signé de tous les élus présents.
Avant les politiques mahorais, c’est le préfet Seymour Morsy qui avait tenu à se rendre au commissariat à Mamoudzou, jeudi dernier. Il s’agissait pour lui «de rencontrer le personnel et renouveler, aux côtés de Philippe Miziniak, Directeur Départemental de la Sécurité Publique, la confiance que l’État porte aux forces de l’ordre pour leur implication sur le territoire», indique la préfecture.
Rarement, les policiers ont reçu autant de signes et de marques d’intérêts. Reste à savoir si les demandes portées par leurs syndicats seront entendues.
RR
Le Journal de Mayotte
*Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), Synergie-Officiers, Alliance Police, UNSA Police et des adhérents du SGP/FO Police