Le défenseur des droits, Jacques Toubon, estime qu’en raison des blessures qu’elles peuvent infliger, le flash-ball devrait être interdit. À Mayotte, on se souvient du procès de ‘affaire Nassuir où l’imprécision de l’arme avait été démontrée.
C’est une arme non-létale contestée y compris dans les rangs des forces de l’ordre. Le flash-ball est au cœur d’un nouveau débat qui pourrait lui être fatal. Le défenseur des droits, Jacques Toubon a demandé son interdiction. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait déjà pointé du doigt, en mai dernier, le caractère dépassé de l’arme apparue en 1995. Le défenseur des droits s’est, lui, appuyé sur des faits récents prouvant la dangerosité du flash-ball : dans la nuit du 13 au 14 juillet, dans le Val d’Oise, un adolescent de 14 ans a été gravement blessé au bas ventre après avoir reçu un projectile.
«Le coupable» Sarkozy
À Mayotte, le flash-ball a déjà fait parlé de lui et causé d’importantes blessures. En octobre 2011, Nassuir, 9 ans perdait un œil en marge des manifestations contre la vie chère. En mars dernier, le gendarme à l’origine du tir a été condamné à 2 ans de prison avec sursis par la cour d’assises. À La Réunion aussi, un homme a été éborgné durant les émeutes de février 2012, au Chaudron. Autant d’événements qui témoignent de la dangerosité d’une arme «qui pose un problème par son manque de précision», soulignait Me Liénard qui défendait le gendarme dans l’affaire Nassuir.
L’avocat avait expliqué à la cour que le « phénomène de dispersion », l’écart entre l’endroit visé et le point effectivement impacté peut être de 40 cm sur un tir à une dizaine de mètres… «Vous visez le thorax, vous touchez le visage», avait plaidé l’avocat. Problème : la balle est projetée à 100m/seconde. Sceptique sur l’usage du flash-ball, il avait même lancé à la cour : «Si vous voulez un coupable, faites venir Nicolas Sarkozy qui a généralisé l’usage du flash-ball».
Pas de tir en 2015
Les syndicats de police se montrent assez mesurés face au débat, le taux d’équipement des unités n’étant pas si important. Pour Thierry Flahaut, représentant d’Unité-SGP FO, « c’est une arme dissuasive, aucun tir n’a pour l’instant était enregistré en 2015 ». Thierry Flahaut se dit aussi surpris que « le Défenseur de Droits de l’Homme ait pensé aux droits de personnes qui agressent la police, plutôt qu’à ceux de pères et de mères qui remplissent une mission de service public ».
Le ministère de l’Intérieur ne s’est pas rangé derrière la demande Jacques Toubon mais a promis que des propositions seront formulées dans les semaines qui viennent.
RR, Le Journal de Mayotte
avec Le JIR