Ces grandes vacances sont décidément marquées par les conflits sociaux. Alors que la grève à la Somaco est entrée dans sa 3e semaine, Orange et la Colas entament de nouveaux mouvements.
Rideaux de fer tirés. Les drapeaux noirs de Sud et rouges de FO flottent à côté de l’enseigne Orange. Au magasin de Kawéni, vaisseau amiral de la marque à Mayotte qui doit être inauguré après de lourds travaux en fin de semaine, les salariés sont assis dans la rue. Ils changent de côté avec l’avancée du soleil.
Ils ont démarré une grève illimitée ce lundi qui touche à la fois les magasins (Kawéni et Jumbo) et les services techniques à Kawéni comme en Petite Terre.
«On est à 95% de grévistes. Il n’y a que les CDD qui ont été embauchés récemment qui travaillent», affirme Ahmed Mdahoma, représentant syndical Sud.
Le conflit porte sur un contentieux qui dure depuis longtemps au sein de la société : une «prime vie chère» négociée depuis novembre 2013. Elle aurait été accordée en négociation au mois d’avril, «et puis la direction s’est rétractée», soutient Ahmed Mdahoma. Elle représenterait environ 120 euros par mois avec une rétroactivité qui remonterait jusqu’en 2012.
«La direction de La Réunion nous dit qu’ils vont envoyer un expert pour juger de la réalité de la vie chère. Mais l’état, qu’est-ce qu’il a fait ? Il accorde l’indexation aux fonctionnaires précisément pour la vie chère, non ?» argumente Ahmed Mdahoma.
Les grévistes sont extrêmement déterminés, ils ont attendus que passe le ramadan «pour être en forme pour tenir le conflit». Ils attendent que la direction de La Réunion face le voyage vers Mayotte pour démarrer des négociations et mettre un terme à un conflit qui a été murement réfléchi.
Une grève contre les sanctions
C’est une toute autre ambiance à la Colas où les syndicats appellent à la reprise de grève en réaction aux sanctions qui auraient été prises à l’encontre des délégués syndicaux. Ce sont les sociétés Colas route, bâtiment et ETPC qui sont concernées.
Au mois de juin dernier, une grève dure portait sur l’application de la convention collective nationale au sein du groupe à Mayotte. Elle avait marqué par son intensité, avec des grévistes qui avaient bloqué Kawéni, provoquant l’espace d’une journée une paralysie totale de l’activité dans Mamoudzou. Syndicats et direction s’étaient également retrouvés au tribunal pour argumenter face au juge sur le piquet de grève.
Attention donc ce matin. Le rendez-vous est donné très tôt à Kawéni (dès 6h30) et des actions pourraient être menées qui pourraient perturber la circulation.
Somaco : des avancées mais toujours de lourds blocages
A la Somaco aussi, on a discuté au tribunal. Après le jugement en référé de la semaine dernière ordonnant la levée de tous blocages, des négociations ont eu lieu ce samedi. Mais les discussions achoppent sur le 13e mois. Depuis samedi, pas un mot n’a été échangé alors que le conflit est entré dans sa 3e semaine.
Le climat reste à la méfiance, les syndicats accusant la direction d’embaucher de nouveaux chauffeurs pour remplacer les grévistes (ce qui est illégal) afin que les camions du groupe de distribution puissent desservir les magasins… Impossible de connaître la réalité, ni de savoir si on s’achemine vers une nouvelle procédure judiciaire. Quoi qu’il en soit, la sortie du conflit est en tout cas, encore loin d’être actée.
RR
Le Journal de Mayotte
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