La Commission de régulation de l’énergie (CRE) publie un rapport de mission sur Mayotte et la Réunion. Elle pointe le surcoût de l’énergie dans les départements d’Outre-mer supporté par l’ensemble des consommateurs français. Elle dresse un satisfecit à EDM.
La CRE tape où ça fait mal. Dans son dernier rapport de mission concernant Mayotte et la Réunion, la commission a calculé les surcoûts en Corse et dans les DOM liés à la «péréquation tarifaire», autrement dit au financement de notre électricité déficitaire par le réseau métropolitain qui dégage des bénéfices. Pour les métropolitains, la facture est lourde. Elle se monte à 10,8 milliards d’euros.
C’est donc l’ensemble des consommateurs français via une compensation qui paie le coût de l’électricité chez nous. La commission en conclut qu’il serait temps, comme pour le prix des carburants, d’afficher le vrai prix de l’électricité.
Sur 56 pages, la CRE dresse un état des lieux et propose des pistes pour l’avenir. Et EDM s’en sort très bien. Le rapport parle du «professionnalisme» et de la «disponibilité» des équipes de l’électricien du département. Il regrette aussi que «la diversification du mix énergétique n’apparaisse pas comme une des priorités du conseil général».
Inquiétudes pour Petite Terre
La CRE fait le point sur la production électrique dans notre département. Pour le côté positif, la commission relève «le difficile maintien de la tension du réseau» qui n’est pas interconnecté aux autres îles et distribue les bons points pour la construction du premier tronçon de ligne haute tension entre Longoni et Kawéni et le projet d’extension vers Sada, mais aussi pour l’installation de nouveaux transformateurs, malgré les black-out qui ont accompagné leur mise en service.
Mais la commission est aussi inquiète pour l’avenir. Si elle explique que la centrale de Longoni est en cours d’extension pour répondre à l’augmentation de la consommation, elle est réservée pour la centrale des Badamiers en Petite Terre. Et la question est jugée «cruciale» car «son existence est structurante pour l’équilibre du système électrique». En effet, l’alimentation de gros sites de consommation, comme l’aéroport ou l’hôpital, «ne peut être assurée par le seul câble sous-marin», note le rapport. «La question de l’investissement dans un nouveau moyen de production en Petite Terre se posera donc», à l’horizon de 2023.
Problèmes de mises aux normes et de tarification
Parmi les problèmes qui se posent à Mayotte, la CRE souligne «l’application difficile, et parfois très coûteuse, de la réglementation métropolitaine et européenne». Là encore, on parle de la mise aux normes de la centrale des Badamiers qui «fonctionne par dérogation».
«Le niveau des exigences de mise aux normes imposées par la DEAL (en termes de pollution, du bruit, du brulage des huiles usagés) pourrait avoir une incidence sur la poursuite de l’exploitation», relève le rapport.
La mise aux normes concerne aussi la nouvelle centrale de Longoni qui doit être équipée de système de dépollution et de dénitrification conformes aux normes environnementales en vigueur.
Autre question délicate, celle des tarifs sociaux. Dans les textes, le tarif de première nécessité (TPN) accessible sous condition de ressource est applicable à Mayotte. Dans les faits, cette tarification est encore compliquée à mettre en place, EDM devant rapprocher sa base de données clientèle de celle des services fiscaux. «Aucun bénéficiaire potentiel n’a, à ce jour, demandé spontanément à bénéficier du TPN», note le rapport.
La crainte de la voiture électrique
Enfin pour l’avenir, si Mayotte doit consommer 30% d’énergies renouvelables à l’horizon 2020, contre 5% actuellement, l’ambition semble irréaliste. «EDM reste réservée vis-à-vis de cet objectif ambitieux, tandis que la DEAL et l’ADEME considèrent que ce défi peut être relevé grâce au développement des énergies renouvelables».
Pourtant, la CRE note que les perspectives de développement des énergies renouvelables sont «faibles». Avec des énergies marines et hydrauliques non rentables et un éolien trop aléatoire, seule la filière solaire présenterait un réel potentiel de développement avec l’incinération des ordures ménagères.
Ultime mise en garde : le développement d’un parc automobile électrique. «Tous les acteurs rencontrés sont inquiets», note le rapport. Le réseau électrique devrait alors supporter de nouveaux soutirages qui pourraient créer des problèmes. L’avertissement est à destination de l’ADEME qui «envisage à lancer un appel à projets pour connaître les parties intéressées».
RR
Le Journal de Mayotte