Trois ans à Majicavo pour son 9e procès

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L'accusé risquait jusqu'à 20 ans de prison

CARNET DE JUSTICE DU JDM. Les gendarmes lui enlèvent les menottes et le prévenu s’approche de la barre. Il arrive de Majicavo où il est détenu. Il était susceptible d’en sortir en octobre 2016, mais ça, c’était avant. Avant le procès du jour pour deux affaires distinctes.

Salle d'audience code pénal«Combien de fois avez-vous été condamné?» demande la présidente Virginie Durand. «Deux fois», répond le prévenu. En réalité, il connaît bien la justice… C’est son 9e procès !
«A part être voleur et détenu, il ne fait rien de sa vie», relève la procureure Prampart.

Effectivement, la liste des condamnations est longue comme les embouteillages entre Majicavo et le tribunal. Les peines ont sanctionné essentiellement des vols : octobre 2010, un an de prison; mars 2011, 250€ d’amende avec sursis ; avril 2012, 15 jours avec sursis puis 3 ans dont 2 ferme ; 4 mois ferme en avril dernier et 4 autres en juin.
Et puis il y a deux autres condamnations, qui nous changent un peu des cambriolages : en janvier 2012, 3 mois ferme pour évasion et encore un mois pour port d’arme prohibé en avril 2014.
Bref, à la barre, ça ne se présente pas bien.

L’ADN du voleur

On lui reproche sa soirée du réveillon 2014. Certains font la fête. Lui, est allé piquer des cartons de paquets de cigarettes à l’entreprise «Glaçon austral» à Koungou. Il grimpe dans un arbre, saute sur le toit, décèle les barreaux puis une fenêtre au pied de biche.

Salle TGI Code pénalLe responsable de l’entreprise est dans les locaux. Il va déranger le cambrioleur en pleine action. Dans sa fuite, il perd 9 cartouches sur le toit. Il repart tout de même avec de quoi ouvrir un commerce : 7.200 euros de cigarettes.

«J’étais pas là», affirme-t-il au tribunal, tout en reconnaissant tout de même être passé quelques jours auparavant pour repérer. Mais quand on ment, surtout au tribunal, mieux vaut ne pas être démasqué… Pas de chance pour lui.
Il n’a pas perdu que quelques cartouches dans sa fuite. Sa casquette est également tombée. Les enquêteurs y retrouvent son ADN. «On me l’a volé», répond-t-il… «Il n’y a qu’un seul ADN sur la casquette, le vôtre», répond un magistrat.

Le braquage des sauces

Pour cette affaire, la procureure Prampart réclame un an de prison. Mais elle sera beaucoup plus sévère dans ses réquisitions dans la 2nde affaire : pour un flacon de ketchup, un pot de mayonnaise et une bouteille de Fanta, elle demande trois ans dont 18 mois ferme. Cette fois-là, c’est à «la Maison des délices», qu’il s’est attaqué. S’il connaît le tribunal, il connaît bien aussi cette boulangerie. Il la cambriole pour la 2e fois : les 4 mois de prison du mois d’avril, c’était déjà pour cette boulangerie.

Salle d'audience code pénal sur le bureau du présidentLà encore, l’entrepreneur est dans les locaux. Il parvient à coincer le cambrioleur et fait suffisamment de bruit pour alerter des gendarmes en repos à proximité. Ils remettront le voleur de mayo aux policiers de la BAC.

Il passe un cap

«Il est temps qu’il devienne acteur et non spectateur de sa vie. C’est bien simple, il ne laisse la population tranquille que quand il est derrière les barreaux», s’emporte la procureure qui relève que l’épisode de la boulangerie est loin d’être anecdotique. Le prévenu a passé un cap. Pour la 1ère fois, il s’en est pris à quelqu’un, en jetant des barres de fer vers le boulanger.

Le tribunal va trancher. Le prévenu a droit à deux nouvelles condamnations : 1 an de prison pour les cigarettes, 2 ans dont 14 mois ferme pour le braquage de la boulangerie et une mise à l’épreuve de 2 ans, avec obligation de trouver un travail ou une formation. La sortie prévue pour octobre 2016, c’était avant.
RR
Le Journal de Mayotte

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