Déplacements domicile-travail : des chiffres pour comprendre les bouchons

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L’INSEE publie une étude sur les déplacements des actifs mahorais entre leur domicile et leur lieu de travail. Des données importantes pour comprendre l’organisation de notre vie quotidienne et expliquer l’ampleur des bouchons.

Bouchons bus matisLes embouteillages sont un élément marquant du quotidien à Mayotte. Si nous sommes tous en mesure de chiffrer les kilomètres passés à touche-touche à Mamoudzou, nous disposons à présent de données pour comprendre le phénomène.
L’INSEE publie les chiffres, issus du recensement de 2012, pour mesurer assez finement, les flux entre notre lieu de résidence et l’endroit où nous travaillons. Première information, Mamoudzou concentre plus de la moitié des emplois à Mayotte (environ 18.000 soit 54%) et plus de la moitié sont occupés par des personnes qui ne résident pas dans la commune chef-lieu. Ce sont donc 9.400 personnes qui doivent effectuer quotidiennement un trajet vers Mamoudzou.

La ville-préfecture aspire littéralement les actifs de tout le département. A Koungou, 48% des actifs travaillent à Mamoudzou mais ils sont nombreux à venir de beaucoup plus loin. «L’attractivité de Mamoudzou ne s’explique pas en fonction des distances», relève Jamel Mekkaoui, le responsable de l’INSEE à Mayotte. En effet, les communes du sud (Sada, Chiconi, Chirongui) voient environ 45% des leurs actifs faire le trajet pour Mamoudzou chaque jour.

4 Mahorais sur 10 ne travaillent pas dans leur commune

«Le flux par l’entrée sud de Mamoudzou (y compris depuis Tsingoni et Mtsangamouji) concerne 5.100 personnes chaque jour», indique Jamel Mekkaoui. En provenance du nord (Acoua, Bandraboua, Koungou), ils sont 2.500 à faire le trajet quotidien. Enfin depuis Petite Terre, 1.800 personnes viennent travailler dans le chef-lieu.

Jamel Mekkaoui responsable de l'INSEE Mayotte
Jamel Mekkaoui responsable de l’INSEE Mayotte

«Ce phénomène de concentration de l’emploi et de la dispersion des actifs est assez classique dans l’Outre-mer mais il est particulièrement marqué à Mayotte», précise Jamel Mekkaoui. Au final, 13.300 personnes travaillent en dehors de leur commune de résidence, soit 4 Mahorais sur 10.

La voiture, toujours la voiture

L’INSEE s’est également intéressé aux moyens de transport que nous utilisons. La voiture est le mode de transport principal : 14.000 personnes prennent leur véhicule pour aller bosser. C’est particulièrement vrai dans certaines communes de l’Ouest (Sada, Ouangani et Mtsangamouji) et du Sud (Kani-Kéli, Bouéni et Chirongui). Ces communes figurent parmi celles où les ménages sont les mieux équipés en véhicules automobiles. Ce sont aussi ces communes qui comptent le plus de personnes ayant un emploi.

Les transports en commun sont utilisés par 10.000 personnes (31% des actifs en emploi). Si des transports publics urbains et interurbains n’existent pas encore, ce sont les taxis qui font office de transport collectif. À Acoua, les taxis sont privilégiés par un travailleur sur trois. L’autre grand acteur de ces transports en commun est le STM. Sur Petite-Terre, 6 travailleurs sur 10 déclarent la barge comme moyen de transport principal.

A Mayotte, on marche

Un parc automobile qui ne cesse de croître
Un parc automobile qui ne cesse de croître

Enfin, phénomènes marquants des déplacements à Mayotte : les deux-roues et la marche à pied. «Plus souvent que dans le reste de la France, les Mahorais se rendent à leur travail à pied (17 % contre 7,5 %) et en deux roues (9 % contre 4 %). Ces moyens de transport sont utilisés principalement par les personnes qui travaillent dans leur commune de résidence.

Sur son site, l’INSEE diffuse des tableaux complets, par commune, pour connaître le nombre de personnes qui se déplacent pour aller travailler ailleurs que chez eux. On apprend ainsi que plus de 60% des actifs d’Acoua, de Chiconi et de Chirongui travaillent dans une autre commune, c’est le record. A l’inverse, la commune de Tsingoni est celle qui parvient à garder le plus grand nombre de ses forces vives en dehors de Mamoudzou : seuls 35% des Tsingoniens quittent leur commune pour se rendre au travail.

Toutes ces données sont extrêmement précieuses. Nous reviendrons en détail sur les opportunités qu’elles offrent aux pouvoir publics pour trancher des questions d’aménagement, d’équipements et d’offres de transports.
RR
Le Journal de Mayotte

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