Le début de l’année scolaire commence sur les chapeaux de roues pour l’action sociale : visite du défenseur des droits, arrivée de l’IGAS ou rencontres avec les acteurs réunionnais sur les évacuations sanitaires… L’effet Issa Abdou commence à se faire sentir.
Pour comprendre les défis auxquels doit faire face notre département, il suffit de rappeler quelques chiffres : plus de la moitié d’une population estimée officiellement à ce jour à 230.000 habitants, a moins de 18 ans. Le chômage des personnes en âge de travailler avoisine les 50%*, et parmi les jeunes, entre 500 et 3.000 ont considérés comme en danger parce qu’isolés.
On évalue la population étrangère en situation irrégulière à 40%, avec les problèmes inhérents de prise en charge scolaire et médicale. Si l’absence de maitrise des flux migratoire implique l’Etat, ce dernier a toujours reproché au département son inactivité dans le secteur social dont il a la charge, et sur les jeunes en particulier. C’est chose faite, assure la nouvelle équipe à la tête du Conseil départemental, dont le 4ème vice-président en charge de l’action sociale et de la santé, Issa Abdou avait fait part de sa volonté d’atteindre 60% du budget de la collectivité, comme les autres département.
Gommer les tensions à la DSDS
C’est par l’arrivée d’une mission d’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) du 8 au 18 septembre, que démarre l’agenda social 2015-2016. Saisie par le vice-président à la suite d’un rapport de la cour régionale des comptes, l’IGAS doit donner un avis afin d’accompagner une réorganisation de la Direction de la Santé et du Développement social (DSDS), où les conflits internes perturbaient le bon fonctionnement.
A ce sujet, Issa Abdou avait signalé vouloir placer l’Aide sociale à l’enfance sous la responsabilité directe des élus. Sa directrice n’a d’ailleurs pas réapparu. Le département devrait évoquer devant l’IGAS les spécificités de Mayotte, notamment la prise en charge de mineurs isolés. Le vice-président s’échine en attendant, à prouver qu’une bonne gouvernance peut entrainer la maison DSDS vers le droit chemin.
Le défenseur des droits à Mayotte du 14 au 17 septembre
Les évacuations sanitaires (Evasan) vers l’île de La Réunion et les mesures à prendre pour réduire les souffrances des familles, seront évoquées lors d’un comité de pilotage qui se tiendra à Mayotte le 14 septembre. Là encore, c’est une meilleure implication de Mayotte qui est attendue par l’île Bourbon. Prendra-t-elle la forme d’un recrutement pour un meilleur accompagnement des malades ou d’une subvention aux associations comme nous l’avait suggéré Issa Abadou ? La réponse la semaine prochaine.
La venue d’une mission du défenseur des droits à Mayotte du 14 au 17 septembre sera un moment fort. Elle fait suite à la rencontre entre Issa Abdou et Jacques Toubon à Paris, ce dernier ayant succédé au défunt Dominique Baudis, n’était encore pas venu sur notre territoire.
Les Etats généraux du travail social commencent à ressembler à une Arlésienne nationale. Annoncés en janvier 2013, ils vont finalement se tenir en octobre en France, du 30 septembre au 2 octobre à Mayotte. Ils sont pourtant vitaux pour redonner confiance à un secteur en mal-être : les problématiques ont évoluées, les politiques sociales aussi, et les travailleurs sociaux se sentent de plus en plus isolés. Avec une inquiétude : si l’ambition du gouvernement est une refonte du travail social, sur le terrain on évoque déjà le manque de moyens, Alain Dru, secrétaire général de la CGT-Protection Judiciaire de la Jeunesse met en garde : « Nous craignons des effets d’affichage. »
Le Forum Petite enfance lui emboitera le pas les 1er et 2 octobre prochains à Mtsamboro, sur le thème du handicap, pour conclure l’agenda par la Semaine sociale du 19 au 23 octobre.
C’est quand même à une mini révolution que l’on assiste avec une volonté sans précédent émanant de la tête du département de faire du social. Reste à confirmer que les moyens suivent.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Aux 10 500 chômeurs s’ajoutent 28 100 personnes qui souhaiteraient également travailler mais ne sont pas considérées comme chômeurs car elles sont inactives selon la définition du Bureau International du Travail (Source INSEE)