Une partie du personnel du CHM était dans la rue ce mardi matin. Au-delà des agressions de la semaine dernière, ce sont surtout les tensions du quotidien qu’ils tenaient à dénoncer pour mieux réaffirmer leurs missions de toute la population.
«Au CHM, non à la violence !» Plusieurs centaines de fonctionnaires du centre hospitalier de Mayotte (CHM) ont défilé dans les rues de Mamoudzou ce mardi matin, en scandant ce slogan. A 9 heures, la manifestation a quitté le parking de l’Institut de formation en soins infirmier (IFSI), sur les hauteurs du CHM, pour descendre vers le rond-point de la barge avant de remonter devant la préfecture.
Ce sont les événements de la semaine dernière qui ont précipité le mouvement, avec des personnels molestés par des individus qui souhaitaient récupérer la dépouille d’un ami. «C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase», indique Ousséni Balahachi, de la CFDT, témoignant ainsi de l’exaspération des personnels. «Nous demandons que la sécurité soit respectée par tout le monde. L’hôpital doit être un sanctuaire. Nous sommes là au service de la population, nous devons être respectés».
Les syndicats, dans une rare unanimité, demande une présence renforcée de forces de l’ordre pour garantir une certaine sérénité lors de moments de tensions potentielles, en particulier lorsque des autopsie doivent être réalisées. Mais ce sont aussi les problèmes du quotidien que voulaient mettre en avant les manifestants.
Des tensions permanentes
«On a eu énormément de vols», témoigne une manifestante. «Maintenant nous sommes badgés dans le service de chirurgie ambulatoire dans lequel je suis. Mais quand on demande à des personnes extérieures ce qu’elles font là, on doit tout de suite gérer des gens sur la défensive qui peuvent très vite devenir agressifs. On n’a plus le droit de demander quoi que ce soit et c’est tout le temps comme ça. Il y a un vrai ras-le-bol !»
Tous les personnels se disent pareillement concernés. Les soignants, bien sûr, mais également les administratifs, comme l’indique Imbadi Harouna, de Force ouvrière. «Les personnes qui arrivent n’ont pas la moindre idée de la façon dont est organisé l’hôpital. Dans l’administration, les gens débarquent et quand on va vers eux pour leur expliquer, ce n’est pas évident. On a des véhicules vandalisés, des collègues agressés, on en a marre.»
Une dégradation généralisée
Et ce n’est pas que Mamoudzou qui est concernée. Dans la manifestation, un infirmier du sud est venu en solidarité pour faire entendre, lui-aussi, la montée des tensions dans les hôpitaux périphériques. «Nous n’en sommes pas à l’agression physique mais les impatiences et les insultes sont de plus en plus banalisées».
Ce mardi selon les syndicats, l’ensemble des dispensaires sont fermés alors que les centres de référence (Dzoumogné, Kahani, Mramadoudou et Petite Terre) comme l’hôpital central de Mamoudzou fonctionnent mais au ralenti. Mais même parmi les personnels qui n’ont pas pris part à la grève, le sentiment de solidarité est réel.
Etienne Morel, le directeur du CHM, est allé à la rencontre des manifestants ce matin, pour partager leurs préoccupations, un geste apprécié par les syndicats. «On se sent soutenu mais on veut de vraies mesures», conclut Ousséni Balahachi.
RR
Le Journal de Mayotte
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