Le nom de «Guito» Théophane Narayanin apparaît dans l’affaire de l’avocate du barreau de Mamoudzou agressée la semaine dernière. L’entrepreneur réunionnais s’insurge contre la rumeur et des accusations visant à le salir.
Pour l’opinion publique mahoraise, le nom d’un commanditaire potentiel de l’agression de l’avocate, a commencé à circuler dès mercredi dernier. Mais l’affaire était trop importante pour vraiment y croire. La rumeur a réellement pris corps le week-end dernier au moment où les 4 individus, membres présumés du commando contre l’avocate, étaient placés en garde à vue puis mis en examen. De fuites en indiscrétions, le secret de l’instruction devenait un secret de polichinelle. Et le nom de Guito Narayanin était associé à l’agression.
Selon nos informations, l’entrepreneur du BTP aurait été cité par l’un des quatre agresseurs présumés lors de sa garde à vue au commissariat de Mamoudzou. Mais depuis, le suspect serait revenu sur ces déclarations. «Il est extrêmement prématuré de parler d’une affaire Narayanin. Ce monsieur n’a même pas été entendu», indique une source judiciaire, l’enquête n’en est, en effet, qu’à son commencement.
Une enquête qui s’étend à La Réunion
Les quatre hommes, âgés de 29 à 36 ans, ont été interpellés vendredi dernier. L’un d’eux a été reconnu en prenant la fuite avec ses complices à bord d’une voiture de location, un autre élément qui a permis de remonter rapidement à ces hommes. Mis en examen pour «violences aggravées et complicité», ils ont été placés en détention provisoire à la maison d’arrêt de Majicavo dimanche. Deux d’entre eux sont Réunionnais, un 3e est un Mahorais qui vit à La Réunion.
Selon nos confrères du JIR, les policiers de la sûreté départementale de la Réunion ont été sollicités par leurs collègues de Mayotte pour enquêter sur les deux Réunionnais interpellés et mener des vérifications.
La question de la cible
Comme l’indiquait le JDM, les policiers ont très vite eu la conviction que le mobile de l’agression de l’avocate n’avait rien de crapuleux mais relevait plutôt du règlement de comptes, un véritable guet-apens dans lequel serait tombée la collaboratrice au cabinet de Sylvie Sevin. Mais la cible était-elle la bonne ? Certains indices semblent montrer que les quatre agresseurs visait bel et bien, non pas la collaboratrice, mais bien Me Sevin.
Dès le début de l’enquête, les enquêteurs ont voulu savoir quelles affaires sensibles traite l’avocate… Comme l’opinion publique, ils ont rapidement fait le lien avec le dossier de la carrière de Kangani, l’interminable feuilleton médiatico-judiciaire, qui oppose Frédéric d’Achery (assisté par Me Sevin) à Théophane Guito Narayanin. Frédéric d’Achery, propriétaire du terrain, conteste l’exploitation de la carrière par le groupe de Guito Narayanin et a obtenu son expulsion en 2005. Ce que l’entrepreneur conteste.
Une «cabale montée de toute pièce»
Contacté par téléphone par nos confrères du JIR, Guito Narayanin dénonce «des rumeurs» ainsi qu’une «cabale montée de toute pièce». «Cela part dans tous les sens», a-t-il indiqué par téléphone depuis Chennai en Inde où il est en voyage d’affaires. «Je sais bien que ce cabinet d’avocats est historiquement contre moi mais il y a beaucoup d’excitation dans cette affaire. Il faut quand même savoir qu’il y a une montée importante de la délinquance à Mayotte. La femme d’un sous-préfet a récemment été agressée».
Guito Narayanin a missionné ses avocats pour aller rencontrer la juge d’instruction en charge de cette affaire. Il souhaitait lui faire savoir qu’il se tenait à la disposition de la justice pour être interrogé si nécessaire. «Mon voyage en Inde avec une délégation d’investisseurs était programmé depuis un moment et je ne voulais pas que des personnes l’interprètent comme une fuite».
RR Le JDM
Avec Jérôme Talpin, le JIR.