Maires de Mayotte, syndicat du primaire et parents d’élèves ont décidé de s’appuyer sur les déclarations non publiques de la ministre de l’Éducation nationale à propos de l’application des rythmes scolaires à Mayotte. Pour signer une motion et revenir à l’ancien système dans les écoles en rotation.
On pourrait ironiser en disant qu’au royaume des têtus, Saïd Omar Oili et Rivo sont rois, s’il ne s’agissait du difficile sujet des rythmes de nos enfants dans les écoles primaires en rotation.
Le mouvement mené par le syndicaliste SNUipp-FSU Rivomalala Rakotondravelo contre l’application générale des nouveaux rythmes scolaires s’est éteint, mais demeure le problème des écoles où le nombre insuffisant de salles imposent que deux classes se la partageant. Adapter la réforme Peillon signifiait partager la journée en quatre, avec une fin de cours à 10h pour reprendre en milieu d’après-midi… fatigue assurée pour les bambins. Or, 14 écoles en rotation appliqueraient avec difficulté cette réforme, selon Rivo.
C’est notamment sur ce sujet que le président de l’association des maires Saïd Omar Oili s’était épanché auprès de la ministre Najat Vallaud-Belkacem, en visite avec le Premier ministre à Mayotte en juin dernier : «La ministre s’est montrée défavorable à l’application des rythmes scolaires dans les classes où il y a des rotations, et a demandé une adaptation au contexte local», rapporte-t-il.
Ce qui l’a incité à proposer au SNUipp et à la Fédération des associations de parents d’élèves de signer une motion, reprenant ces points. Tout en s’appuyant sur les déclarations de la ministre, le texte reprend les obstacles à l’application de la réforme dans certaines écoles : absence de réfectoire permettant une offre de restauration scolaire de qualité, déficit de salles de classes, incertitude de financement des activités périscolaires, notamment pour recruter du personnel d’animation.
«La parole de la ministre contre la volonté de la vice-recteur»
«Nous sommes d’autant plus inquiets que le président de la République avait annoncé un fonds d’amorçage de 150 euros pour les communes, or nous n’avons reçu que la partie générale de 90 euros, il manque la part de la Caisse d’Allocation Familiale. D’autre part, c’est une compétence nouvelle dévolue aux communes, sans certitude que ce fonds soit pérennisé», souligne Saïd Omar Oili. Le sujet des réfectoires pose également un problème, «on a prévu l’investissement mais pas le fonctionnement.»
Les maires lui ont donné mandat pour cosigner cette motion avec Rivo et Anli Saïd, président de l’Union départementale et de la confédération syndicale des familles de Mayotte, accompagné de sa vice-présidente Youssouf Ali Rafza. Mais pourront-ils l’appliquer sans se mettre hors la loi ? « Bien sûr, puisque c’est la parole de la ministre contre la volonté de la vice-recteur. Je vais d’ailleurs dès cet après-midi, restaurer les anciens horaires à l’école Labattoir 5 », assure celui qui est aussi le maire de cette commune de Petite Terre.
Les deux hommes ont souvent eu des positions divergentes, notamment sur l’enveloppe de répartition des constructions scolaires, il est donc plutôt rare de les voir rassemblés autour d’un stylo, «la vice-recteur aura réussi ce tour de force!» plaisantaient-ils.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte