Non seulement cet avant goût d’un musée pour Mayotte ouvre enfin ses portes, mais les travaux de la Résidence sont cochés sur l’agenda. Dès ce week-end, le patrimoine de Mayotte va donc s’exposer durablement en Petite Terre. Une culture à découvrir, et à s’imprégner sans modération.
Le futur musée de Mayotte (MUMA) se dessine peu à peu… A travers sa préfiguration déjà, qui prendra place dans l’ancienne Caserne de Dzaoudzi, voisine de la Légion. Après un peu de retard, elle ouvrira ce 19 septembre 2015, histoire aussi de faire honneur aux Journées européennes du patrimoine. Voir le programme Muma.
Mais c’est aussi la Résidence du Gouverneur de Petite Terre, monument classé, qui se prépare à retrouver son luxe d’antan. A la fois symbole de la colonisation, mais aussi lieu où séjourna le sultan Adriantsouly, le choix avait été entériné par Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture en visite à Mayotte, « vous tenez là le lieu de votre futur musée ! »
582.000 euros pour lancer le projet
Avec une bonne surprise puisque il s’agit désormais d’une volonté ferme : « Nous sommes dans une phase préparatrice du chantier dont les travaux devraient commencer début 2017. Une personne y est entièrement consacrée chez nous », indique au JDM Clotilde Kasten, Directrice des Affaires culturelles à la préfecture de Mayotte. Si 5 à 6 millions d’euros avait été jugés nécessaire, aucun budget n’est actuellement confirmé.
Actuellement, l’opération peut compter sur un investissement de 316.000 euros de l’Etat, et 266.000 euros du Conseil départemental, « soit 582.000 euros affectés à l’étude de diagnostic de la Résidence du gouverneur, et du bâtiment de la Caserne, et à la première exposition de préfiguration. Un partenariat exemplaire Etat-département », tient à souligner Clotilde Kasten.
Le douka, symbole du lien social
L’exposition de la préfiguration a été montée sous l’angle de cinq thématiques qui combinent chacune les patrimoines matériel et immatériel de Mayotte, dans une Caserne inscrite pour être classée aux monuments historiques :
– la Sagesse à travers la question du plurilinguisme : une carte linguistique permettra de situer les influences, un conte sera joué par des enfants et plusieurs surprises seront proposées comme une boite magique où on pourra piocher un proverbe, un guide spirituel
– le Debaa des femmes (danses chantées) qui participe à la cohésion sociale, et qui aura également un pavillon dédié place de la République
– le Douka, témoin de la mutation sociale de Mayotte, qui reste un rempart contre l’ « hyperconsumérisme » impersonnel des supermarchés, en maintenant le lien social des petites épiceries de quartier qui survivent encore en métropole
– le Sel de Bandrélé, le shinzo, et sa méthode de récolte particulière
– les Canons de Dzaoudzi exposés jusqu’à présent à côté de la Légion, autour de la problématique de l’insertion de Mayotte dans sa région
Ils sont deux assistants à maîtrise d’ouvrage, Michel Colardelle et Colette Foissey, à travailler sur l’exposition et au portage pour décrocher le label « Musée de France ».
Les expositions seront renouvelées tous les ans, après décisions d’un Comité scientifique qui en validera les axes, et définira les sujets prioritaires en matière de collection.
Un projet de longue haleine, qui dépendra là aussi étroitement d’une volonté pérenne de la Collectivité de doter Mayotte de son lieu de mémoire. Moroni en est un, il était temps que notre territoire se retrouve exposé, expliqué, décortiqué, pour que ses jeunes connaissent leur identité et puisse aller de l’avant.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte