CARNET DE JUSTICE DU JDM. Le tribunal correctionnel a rendu son délibéré ce mercredi matin dans une affaire d’enlèvement, de séquestration et de violence qui remonte à novembre 2014 à Bandrélé.
Les deux hommes d’affaires poursuivis, dont un est également engagé dans la vie politique, sont condamnés à un an de prison. Le tribunal ne demande pas de mandat de dépôt, autrement dit la sentence pourra être aménagée par le juge d’application des peines (JAP).
Le 3e individu écope, lui, de 6 mois de prison avec sursis.
Le tribunal a donc tenu compte du degré d’implication différent des 3 individus dans ces faits. Ce 8 novembre 2014, les deux chefs d’entreprises sont victimes d’un cambriolage : ordinateurs et disques durs ont disparu de leurs bureaux et avec eux des mois, peut-être des années de travail.
Face à ce qu’ils estiment comme un manque de réactivité de la gendarmerie, ils lancent leur propre enquête et parviennent, avec l’aide du 3e individu, à se convaincre de la culpabilité d’un jeune homme de 16 ans. C’est le début d’une opération punitive invraisemblable. Ils vont chercher le «coupable» sur une plage, lui attachent les mains, lui bandent les yeux et le jettent dans le coffre d’une voiture.
Coups et menaces
Tous les éléments conduisent pourtant à disculper le jeune homme. Mais même si les empreintes de pied ne correspondent pas, ils veulent obtenir des aveux. Ils lui infligent alors des gifles, des coups et des menaces, comme celle de lui arracher les ongles s’il ne désigne pas l’endroit où le matériel dérobé a été entreposé.
Lors de l’audience du mois de juillet, le juge Sabatier avait pointé les différences entre la justice populaire et le travail de police et de justice des fonctionnaires de la République : «Il faut douter. Lorsque des gens dont c’est le métier mènent des enquêtes, ils doutent, ils font preuve de prudence dans leurs accusations et ils respectent des méthodes humaines», avait fait valoir le magistrat.
Le Moyen-âge à côté de chez nous
Quand les gendarmes arrivent finalement à Bandrélé, ils découvrent la scène, les 3 tortionnaires et la jeune victime en position fœtale au sol de la BMW, entre les sièges avant et arrière. Il a fini par avouer un vol qu’il n’a pas commis. Et malgré les évidences, l’un des agresseurs n’hésite pas, dans les jours qui suivent, à prendre la parole sur les antennes d’une radio pour raconter l’événement.
Evoquant des comportements «qui renvoient au moyen-âge», la procureure Prampart avait demandé 15 mois de prison dont 6 ferme, deux ans de mise à l’épreuve et 600 euros d’amende pour les deux principaux protagonistes. Le tribunal a donc tranché pour une année de prison.
Pour le 3e homme, elle avait requis 6 mois avec sursis et 90 heures de travail d’intérêt général (TIG). La cour n’a retenu que la peine de prison avec sursis.
RR
Le Journal de Mayotte