Jouer la carte BTS à Mayotte

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Dans la série «que deviennent nos bacheliers», une partie de la réponse se niche toujours dans les établissements scolaires de l’île. Ils sont en effet 180 à suivre les neuf sections de BTS proposées sur l’île (Chiffres VR), dont trois au lycée Bamana de Mamoudzou. C’était leur rentrée officielle ce mardi matin. L’occasion d’aborder les avancées et les difficultés rencontrées.

Les étudiants en BTS du lycée Bamana, hauts en couleur !
Les étudiants en BTS du lycée Bamana, hauts en couleur !

S’ils ont commencé les cours depuis le 26 août, il fallait malgré tout marquer la cohésion des équipes, entre élèves, mais aussi avec les enseignants. Avec un seul but, la réussite de ces jeunes : « comme des sportifs, vous devez gagner au bout, notamment en fixant votre projet professionnel », martelait le proviseur Philippe Louges. Face à lui, les 140 premières et deuxième années des trois BTS proposés par l’établissement, deux « historiques » en Assistant Manager (AM, 2007) et Assistant  de Gestion PME-PMI (AG, 2001), et le tout nouveau Service Informatique aux Organisations.

L’après BTS, c’est aussi un des thèmes favoris de Madeleine Doussy, Responsable des sections BTS au vice-rectorat, qui invitait les étudiants à se préparer dès maintenant leur insertion professionnelle, « tout en sachant que vous allez murir en deux ans », s’adressait-elle aux premières années. Et rappelait que le terme d’Assistant n’était pas synonyme de servitude, « mais bien d’être le plus proche collaborateur du chef d’entreprise. »

Un ex-BTS prof au CUFR

L'équipe d'enseignants autour du proviseur Louges
L’équipe d’enseignants autour du proviseur Louges

Des étudiants qui ont eu raison de rester sur l’île comme en témoignent les 90% de taux d’échec en étude supérieur des partants en métropole, « nous sommes parvenus à grimper de 20% de réussite au départ, à 50% », nous confie le chef d’établissement. Qui est aussi victime de son succès, « nous recevons 700 à 1.000 demandes d’inscription, quand nous ne pouvons accepter plus de 24 élèves par classe si nous voulons un enseignement de qualité ».

Certains trouvent un emploi sur l’île, « même parfois comme contractuels de l’éducation nationale », précise Madeleine Doussy, « et le président d’un jury du Bac cette année, professeur en Université à Dembéni, a passé son BTS au lycée ! », complète Philippe Louges. D’autres partent en métropole face au difficile contexte économique de l’île.

En 4 ans, Yacub Sow, Chef de travaux et coordonnateur des BTS, a vu ces étudiants évoluer : « la posture a changé, ils sont plus motivés », ce que confirme Alain Lacaze, professeur d’espagnol et conseiller pédagogique, « ils prennent des initiatives, le dress-code en est une preuve. »

Leur pire cauchemar ? La culture générale…

Les 2ème année de BTS aux côtés de leurs enseignants et de Yacub Sow
Les 2ème année de BTS aux côtés de leurs enseignants et de Yacub Sow

En effet, la salle d’accueil du lycée est en quadrichromie ce mardi matin : les étudiants sont tous vêtus aux couleurs données par les secondes années, rose et noir pour les AM et bleu marine-blanc pour les AG. « Ça change tous les ans ! », lancent-ils, « on fait ça pour l’unité du groupe et pour se distinguer des autres BTS ».

Leur première année, peu l’ont trouvé facile : « Je viens d’un bac Pro secrétariat et je découvrais le management des entreprises », rapporte l’un, « J’ai voulu arrêter, mais les profs m’ont remotivée », explique une autre. Ce qui les a aidé ? « Les entretiens individuels une fois par semestre, « qui nous permettent de faire le point avec l’aide de nos profs ». Leur pire cauchemar ? « La matière ‘Culture générale’, un mélange de philo et de français », rapportent-ils en cœur.

Un des enseignants de la matière, Berthin Nzelomona, nous éclaire : « je dois leur transmettre un certain nombre de connaissances liés aux programmes, la maîtrise de la méthode pour réussir un exercice normé et le tout, en faisant des liens avec l’actualité. » L’objectif est de les préparer au mieux à la vie professionnelle, « mais aussi à leur vie de citoyen ». Un défi compliqué, « il faut des prérequis qu’ils n’ont pas toujours. » Un problème bien français à l’écouter, « la moyenne en culture générale est de 7 à Mayotte, de 9 en national. »

Ils ont suivi l’année dernière des stages obligatoires en entreprise, « en Espagne, métropole ou à Maurice, décrochés nous-mêmes ou avec l’aide des profs », et aux voyages financés par le lycée Bamana.

L’évolution du poste de sténo à secrétaire, puis à assistant de direction demande des compétences, autant de défis à relever pour ces élèves. Quelques un d’entre eux s’y sont déjà collés ce lundi matin, avec des présentations de leurs cursus en anglais et en espagnol face aux premières années.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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