Comment s’étend la radicalisation? Comment aider nos jeunes avant qu’ils quittent le territoire pour des cieux tumultueux syriens ? Et quelles réponses leur apporter ? Mais aussi, comment en est-on arrivé là ? Pierre N’Gayane, Secrétaire général du Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance, tenait une conférence sur la prévention de la radicalisation ce vendredi à Mamoudzou.
C’était une intervention de qualité que les institutionnels et élus Mahorais ont pu écouter ce mercredi après-midi dans l’hémicycle du conseil départemental. Pierre N’Gayane, en charge du suivi mensuel des chiffres auprès du premier ministre, était venu y prêcher la bonne parole parisienne sur le phénomène de radicalisation.
En choisissant dès le début de scinder le radicalisme entre l’offre d’un côté, représentée par Daech et consorts, et la demande, ces «partants» pour la Syrie, il permettait de proposer respectivement un retour sur la genèse du radicalisme, et un questionnement sur les raisons de la bascule de certains jeunes.
Le terrorisme, c’est pas nouveau, rappelle en substance notre conférencier qui évoque le détournement de l’Airbus A300 par le GIA sur le tarmac d’Alger en 1994 «avec comme objectif de se planter sur la tour Eiffel», l’attentat du RER à Saint Michel l’année suivante, le gang de Roubaix en 1996…
« Tout commence par l’invasion soviétique en Afghanistan »
Mais il rappelle que la traduction violente du « djihadisme », qu’il différencie du djihad, le combat intérieur de tout musulman pour surmonter le mal, prend sa source dans la guerre d’Afghanistan, en 1979, lors de l’invasion de ce pays par l’URSS : le « petit djihad » habituellement pratiqué comme une défense en cas d’attaque, va bientôt basculer dans l’action, « car en soutenant les afghans, nous le légitimions ».
Abdallah Azzam, l’imam du jihad, « conceptualise le martyr », Ben Laden n’a plus qu’à l’exploiter.
D’autre part, les soviétiques ressortent fragilisés d’Afghanistan. « Nous allons alors pousser les Irakiens, armés par les Etats Unis, à entrer en guerre contre l’Iran après la chute de leur Chah en 1980 ».
Sur le plan territorial, en 1916, la délimitation des frontières par la Grande Bretagne et la France dans la région du Golfe est peu précise, ne correspond pas aux promesses. Elle suscite les revendications de l’Irak sur le Koweït qui débouchent sur la guerre du Golfe et l’intervention militaire internationale contre l’Irak en 1990.
Revendications territoriales
Oussama Ben Laden, en rupture avec l’Arabie Saoudite, s’exile au Soudan, puis en Afghanistan, « il passe au jihad global, et porte les coups à l’extérieur ». C’est alors une succession d’attentats dont le plus spectaculaire touche les Tours jumelles en 2001, puis ce sera Nairobi, Dar Es Salam…
Les Etats Unis décident alors d’envahir l’Irak en 2003 sans mandat de l’ONU. « Se crée alors un mouvement en Mésopotamie, Al-Qaïda, dirigé par Abou Moussab al-Zarqaoui, ‘le boucher de Bagdad’, et au Maghreb, AQMI ». De plus, avec Saddam Hussein, c’est un sunnite que les américains font tomber, confiant le pouvoir aux 70% de chiites du pays. Les sunnites exclus, « c’est une intelligentsia militaire qui se révolte en surfant sur la lame de fond d’Al-Qaïda en Irak », mouvement à l’origine de Etat islamique. C’est la naissance de Daech, « dont l’objectif est de reconstituer un califat. On peut donc dire que parler de motivation religieuse est une escroquerie intellectuelle », conclut Pierre N’Gahane.
Un postulat qui ne satisfaisait pas toute l’assistance, « le conflit israélo-palestinien témoigne que la dimension religieuse ne peut être exclue », remarquait le conseiller départemental Issa Abdou.
Un projet que Daech veut universel, d’où l’embrigadement international, « même en Norvège, pourtant le pays le plus riche d’Europe », lance Pierre N’Gayane. Et pour draguer les foules, les méthodes sont simples : la promesse d’un régime « qui correspond à la situation de très grande vulnérabilité de ces jeunes. Un régime qui ne laisse rien passer, mais où l’ensemble, qui défend la veuve et l’orphelin, semble juste ».
Selon lui, Daech, c’est 10 millions d’habitants, et des ressources en puits de pétrole avoisinant les 15 milliards de dollars. Face à ces moyens, les Etats occidentaux tentent d’endiguer la radicalisation de leurs jeunes, « avant qu’ils basculent vers l’extrémisme puis le terrorisme ». Un iceberg à trois étages.
La loi de 1905 garantissant la liberté de conscience, comment cerner sans stigmatiser ? C’est là que notre système connaît ses propres faiblesses, car si pour Pierre N’Gahane, le salafiste (retour à l’islam des origines) plaçant les lois religieuses au dessus de la loi Républicaine n’est pas pour autant un fou, cette incompatibilité devrait provoquer des signaux d’alerte à minima.
C’est au grand public que décide de s’adresser le gouvernement le 20 avril 2014 pour tenter de cerner de futurs partants vers la Syrie, avec la mise en place d’une plateforme au sein de l’Unité de coordination et de lutte anti-terroriste. Dotée d’un numéro vert* qui a reçu 12.000 appels, dont 3.000 situations à risque. Les services de renseignements des Etats major de sécurité en ont signalé 4.000 supplémentaires.
Pas de profil type
Si certains sont farfelus, « comme les accusations de radicalisation pour se débarrasser de son conjoint », d’autres sont longuement entendus, « une famille musulmane depuis 10 générations ne reconnaît plus le langage tenu par leur fille ». Car sur les 7.000 personnes « à risque », elles sont 34% quand même… 25% sont des mineurs, et 36% des convertis. En contradiction avec l’affirmation du conférencier quelques minutes plus tard, « on peut évacuer la dimension religieuse, très peu sont dans l’esprit d’une conversion. » On évite ainsi de stigmatiser une religion, mais en risquant de passer à côté de solutions appropriées. Comme celle de la maîtrise du Coran par des imams pas toujours à l’aise avec la langue arabe.
Il n’y aurait pas de profil type : « ça va du jeune qui veut s’affranchir de l’autorité parentale pour se réaliser ailleurs, au délinquant multirécidiviste, en passant par le jeune en grande interrogation identitaire. Un garçon était issu d’une grande famille juive, dont les deux parents étaient cadres supérieurs »…
Des jeunes qui trouvent une solution dans ce « marché des illusions », « comme ils se seraient suicidés ou drogués ou laissés embrigader dans une secte. » A Mayotte, cinq cas sont signalés.
Le travail en amont n’est pas de son domaine, « c’est celui des associations qui accompagnent et plus tard, aident à réinsérer ces jeunes ».
En conclusion, « si l’URSS n’avait pas envahi l’Afghanistan, on n’en serait pas là ! » Un mouvement qui surfe sur le mal de vivre des jeunes et moins jeunes, et pour lesquels aucun remède miracle n’a encore été trouvé.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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