Convalescence: Un coup de propreté mais sans cohésion sociale

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C’est la 3ème année que se déroule l’opération «Coup de propreté à la Convalescence» sur les hauts de Mamoudzou. Si le nettoyage a été effectif, l’opération à double détente n’aura pas pris cette année. Explication.

Un appareil électroménager jeté 100 mètres plus bas
Un appareil électroménager jeté 50 mètres plus bas

Au bord de la route, canettes, couches usagées, épluchures, cartons… des sachets vidés par les chiens errants… « Inadmissible ! » pour Chaharoumani Chamassi, président de l’association « Deux mains pour les enfants », organisateur de la grande opération de nettoyage annuelle qui se terminera à midi par un grand voulé convivial, rassemblant tous les participants.

Car il s’agit autant de propreté que de cohésion sociale entre habitants qui craignent de plus en plus d’être agressé d’un côté, et jeunes qui ne demandent qu’à nouer le contact. « C’est d’ailleurs ce qui s’est passé l’année dernière où deux résidents ont appris à se connaître et ne se quittent plus depuis, et se rendent même des services », rapporte Chaharoumani Chamassi.

Très peu de métropolitains

Chaharoumani Chamassi
Chaharoumani Chamassi

Mais cette année, il faut bien le dire, les métropolitains ne sont pas descendus de leur « tour d’ivoire », ainsi que le déplorait un jeune. « Hé, mdame, vous avez pas reçu la lettre parlant du nettoyage ? », demande l’un à une résidente, sur son balcon. « Si, mais je travaille à 13h », répond-elle, provoquant l’énervement, « mais il est 9 heures, et moi je travaille à 11 heures », répond-il.

« C’est du mépris », lance un jeune, assis sur l’escalier, qui ne veut plus bouger. Une opération qui n’aurait peut-être pas eu plus de succès en métropole. Mais les années précédentes, c’est vrai, la cohésion avait fonctionné. « La méfiance joue. Et pourtant, aucun de ces jeunes n’est fiché par la police nationale », explique Chamassi, également capitaine de police. Il déplore que les critiques qui gâchent la vie des uns et des autres n’aient pas de lieu pour s’exprimer, « c’était une bonne occasion… ».

Pas de route pour les camions de ramassage

Des jeunes désabusés
Des jeunes désabusés

Ils sont plusieurs maintenant à être assis sur les marches. La chaleur joue, l’énervement monte, contre la mairie cette fois : « ils sont partenaires de l’opération, mais nous n’avons pas assez de gants. La semaine dernière pour l’opération Uharafu, nous les avons aidés. Mais à Vétiver 2-les bangas, aucune route ne permet aux camions de ramassage de la mairie n’accéder. Résultat, on serait tenté de mettre nos déchets dans les poubelles des résidents plus loin, mais ils paient des taxes de ramassage, ils n’apprécieraient pas », explique Ahmed, en terminale S.

Des jeunes qui viennent aider à Convalescence, mais qui souhaiteraient que des opérations similaires se déroulent dans tous les quartiers, « et pas seulement le nôtre à Vétiver », déclare Hamidou, en CAP Bac pro à Kawéni.

Une compétence communale malgré tout, et si une telle journée se justifie par la nécessité de tisser les liens entre résidents, le ramassage des déchets par des enfants de 8 ans, n’est plus acceptable.

Des fossés jonchés de déchets
Des fossés jonchés de déchets

Des jeunes courageux, qui ont finalement repris râteaux et gants, mais qui ont simplement envie de voir l’image de leurs quartiers redorée.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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