Des prévisions fiables jusqu’à neuf jours, des tendances trimestrielles, une vision très affinée des phénomènes sur Grande Terre… Le nouveau supercalculateur de Météo France et des stations locales nouvelle génération vont bouleverser l’approche du temps à Mayotte.
Les prévisions affinées que promettaient Météo France deviennent peu à peu une réalité. Après les données concernant différentes régions de Grande Terre, c’est désormais le lagon qui est scindé en deux zones distinctes. Depuis trois jours, les parties ouest et est du lagon font l’objet de prévisions différenciées, des informations utiles car les influences et donc la réalité météo sont loin d’y être identiques.
Plus largement, c’est l’ensemble des données que propose Météo France qui se transforme. «Jusqu’à présent, la maille du modèle dont nous disposions était de 25km. Nous étions capables de travailler et de proposer des prévisions dans des carrés de 25km de côté, ce qui signifie que nous n’avions que deux ou trois carrés pour Mayotte et donc beaucoup d’imprécisions. Cette maille passe à 2,5km, comme en métropole. Nous travaillons donc sur 100 fois plus de carrés», explique au JDM Bertrand Laviec, délégué de Météo France à Mayotte.
Concrètement, cela permet de différencier Petite Terre de Grande Terre, Mtsamboro de Chiconi, Tsingoni de Bandrélé. «Pour le grand public, ça ne va pas être forcément très perceptible, mais pour nous, c’est une révolution dans la précision des calculs et des prévisions», relève Bertrand Laviec. Une des conséquences est en effet le déplacement du modèle de calcul météo de l’ensemble de notre région.
Une vision à plus long terme
Ce modèle est actuellement centré sur La Réunion. Il va donc s’élargir vers notre région permettant d’avoir une vision beaucoup plus large des phénomènes à l’œuvre sur le continent africain et très au nord du Canal du Mozambique. Bertrand Laviec s’enthousiasme: «On devient capable de faire des prévisions fiables de cinq à neuf jours, ce qui change beaucoup de choses, particulièrement en saison des pluies».
On attend également des prévisions sur des tendances trimestrielles. A La Réunion, Météo France les propose depuis cette semaine. Mayotte pourrait en bénéficier avant la fin de l’année.
Tous ces changements sont rendus possibles par le supercalculateur mis en place par Météo France à Toulouse. «Il a une capacité de calcul de plusieurs milliards d’opérations par seconde. Cette montée en gamme nous permet d’avoir accès à des opérations beaucoup plus complexes pour notre région», précise Bertrand Laviec. Il reste tout de même encore quelques limites qui seront levées dans l’avenir en particulier concernant les capacités de notre propre réseau internet qui n’est pas à la hauteur des capacités du supercalculateur toulousain.
Des données locales plus nombreuses
Le recueil des données sur le terrain est également encore trop faible. Météo France se lance dans un plan de modernisation de ses stations. Mayotte sera ainsi équipée des stations avec de nombreux capteurs dernier cri, et deviendront plus pointues que leurs homologues métropolitaines.
Météo France cherche des emplacements pour les répartir sur le territoire. La première devrait être installée du côté de Coconi, avant le nord et le sud. L’ensemble des stations, de Mamoudzou à Dembéni, de Poroani à Vahibé, vieillissantes devrait également progressivement être mis au niveau.
RR
Le Journal de Mayotte