Vous êtes nombreux à avoir signalé un comportement anormal de vos animaux de compagnie peu avant le tremblement de terre de ce vendredi. Ce type de témoignages est assez courant dans l’histoire sans trouver de réelles explications scientifiques.
Le séisme qui a frappé Mayotte et sa région dans la nuit de jeudi à vendredi était d’une magnitude de 4,6 sur l’échelle de Richter. Il était donc tout à fait perceptible même s’il n’a duré que 5 à 6 secondes… à condition de ne pas être profondément endormi. Et précisément, certains parmi nous, ont été réveillés par le comportement étrange de nos animaux de compagnie. Certains internautes nous ont signalé avoir été tirés de leur sommeil par des chiens qui aboyaient anormalement, ce qui leur a permis de vivre le séisme.
D’autres ont vu leurs chats venir se réfugier près du lit de leur maître, une attitude parfaitement inhabituelle, réveillant, là encore, ceux qui allaient devenir les témoins d’un tremblement de terre. Sandrine Begein, vétérinaire à Mayotte, confirme avoir entendu plusieurs histoires de ce type vendredi et samedi. Pourtant, aucune étude scientifique ne vient réellement expliquer ce type d’attitude.
Ondes et perception
«On sait que tous les mammifères n’ont pas les mêmes capacités de perception. Depuis longtemps, des études ont prouvé l’influence des ondes électromagnétiques sur les animaux migrateurs mais aussi sur les animaux d’élevage. On sait par exemple qu’un troupeau de vaches peut être amené à se déplacer en fonction d’ondes que les hommes ne perçoivent pas», explique-t-elle.
Les oreilles et le cerveau humains sont capables de percevoir un spectre d’ondes assez large allant de 20 à 20.000 hertz. Mais d’autres animaux, comme les éléphants par exemple peuvent réagir aux infrasons, inférieurs à 20 hertz, qu’ils peuvent percevoir à ces centaines de kilomètres. C’est cette capacité qui a été mise en avant pour expliquer leur attitude avant le tsunami qui a ravagé massivement les côtes asiatiques en 2004.
La sensation au bout des moustaches
A Mayotte, pas d’éléphants mais des chiens et plus encore des chats qui sont très sensibles aux vibrations et aux variations de la pression atmosphérique. C’est ce qui leur permet, par exemple la nuit, de détecter les mouvements. C’est aussi ce qui peut les rendre agités en période d’orage. Et la partie de leur corps qui leur offre cette sensibilité, sont les «vibrisses», autrement dit leurs moustaches.
Reste donc à savoir quels types d’ondes sont propagés et quelles modifications de l’environnement interviennent avant une secousse sismique et que chaque type d’animaux pourrait être amené à percevoir… Les scientifiques ont encore du pain sur la planche.
Pourtant, s’ils peinent à répondre à cette question, les témoignages historiques sont suffisamment nombreux pour accréditer la thèse d’une perception sensorielle. Les plus anciens remontent à la Grèce antique, avant Jésus Christ, où des récits rapportent la fuite de rats ou de serpents de villes frappées peu de temps après, par de violents séismes.
Exemples… Et contre-exemples
En Calabre, la région au sud-est de l’Italie et en particulier dans la ville de Messine, les chiens auraient hurlé à la mort très longuement le 5 février 1783 avant que la zone ne soit frappée par des séries de tremblements de terre meurtriers. A l’autre bout du monde, au Japon, les récits populaires parlent d’une invasion d’anguilles avant un tremblement de terre et un tsunami en 1896… Quant à l’Alaska, on y raconte le comportement d’ours sortis prématurément de leur hibernation en 1964, le jour où un violent séisme a frappé l’état américain.
Les exemples peuvent se multiplier par dizaines… Mais pour être tout à fait honnête, les contre-exemples aussi. Dans la nuit de jeudi à vendredi, à Mayotte, la quinzaine de chiens présents dans le chenil de l’association «gueules d’amour» par exemple, n’ont manifesté aucun mouvement particulier. La perception des animaux fait donc encore bel et bien partie des mystères de la nature à résoudre.
RR
Le Journal de Mayotte