Ces mineurs sous protection judiciaire… pour le bien de tous

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Quelle place réserver à l’éducatif chez les petits durs qui cambriolent à tour de bras ? C’est notamment à cette question que doit répondre la PJJ, la protection judiciaire de la jeunesse. Qui ouvrait ses portes au public ce lundi au centre Mahardja à Kawéni.

Hélène Nicolas directrice de la PJJ compte 30% de multirécidivistes, dont 10% de durs
Hélène Nicolas directrice de la PJJ compte 30% de multirécidivistes, dont 10% de durs

La Protection Judiciaire de la Jeunesse, c’est cette institution que tout bon citoyen trouve indispensable, mais que la victime d’une agression regarde tout d’un coup de travers. Pour démystifier, et à l’occasion du 70ème anniversaire de l’éducation surveillée, la Protection judiciaire de la jeunesse ouvre ses portes un peu partout en France, métropolitaine et ultramarine.

Lorsqu’un jeune commet un délit grave, il est envoyé en garde à vue s’il a plus de 13 ans, et peut-être retenu deux fois 12h s’il est plus jeune. En fonction de son acte, le juge va décider de l’envoyer en prison, ou, s’il faut le rééduquer en le sortant de son milieu habituel, de le en placer dans un foyer, ouvert comme Dago Tama (12 places), ou un Centre éducatif renforcé ou fermé, à La Réunion. Il peut aussi décider de l’insérer au sein d’une des 18 familles d’accueil de la PJJ. Ou enfin, de le renvoyer dans sa famille. L’ensemble est suivi par un éducateur du milieu ouvert de la PJJ.

A Mayotte, ils sont 52 à travailler sur ces problématiques, dont 25 éducateurs. Et la PJJ se décline sur 3 sites : l’accueil de jour, le placement en milieu ouvert à l’unité éducative d’activité de jour (UEAJ) qui supervise la scolarité de l’enfant, et l’unité horticole-cuisine supervisée par Ali Mari Souf à Cavani (Mamoudzou).

70% de réussite

Tous les acteurs et partenaires autour de la PJJ étaient présents. Au centre le sous-préfet Guy Fitzer
Tous les acteurs et partenaires autour de la PJJ étaient présents. Au centre le sous-préfet Guy Fitzer

En tout, 541 jeunes ont été suivis à Mayotte en 2014. Et avec succès si l’on en croit Hélène Nicolas, le directrice de la PJJ : « 70% ne repassent plus devant un juge, 20% peuvent recommencer, et 10% sont en récidive, c’est la partie de notre population la plus compliquée. Compliqué, car il n’existe pas grand chose en amont, et rien en aval. »

La prévention, c’est au conseil départemental de l’assumer. Une volonté politique manifeste tend à prouver que les choses vont changer, espère Hélène Nicolas qui ne demande qu’à voir. Il faut en effet comme le souhaite le conseiller départemental Issa Abdou en charge du social, doubler au moins le nombre des familles d’accueil, « des placements court terme contrairement à nos familles d’accueil qui doivent les accueillir plus longuement », explique Hélène Goujat, Responsable d’unité à la PJJ.

Le recours à la drogue est un constat chez de plus en plus de jeunes interpellés. Qui implique un travail accru avec le milieu médical, « notamment avec le Centre médico psychologique ».

Des jeunes réinsérés en menuiserie après le chantier du voilier

Les invités de la PJJ sur le "Jahazi ya leo"
Les invités de la PJJ sur le voilier école « Jahazi ya leo »

La structure mahoraise est passée d’un éducateur en 1994, à 52 professionnels en 2015, « l’heure est à la consolidation du travail effectué, non au développement », affirme Hélène Goujat qui évoque malgré tout la création d’une classe relai, « pour des mineurs décrocheurs sous main de justice » .

Et en aval, il faut des structures pour les insérer. Ce fut le cas du chantier école de l’Association des Croiseurs Hauturier de Mayotte (ACHM) en Petite Terre. Un budget avoisinant les 30.000 euros de la politique de la ville qui a été alloué à ce club de voileux, charge à eux de suivre le chantier de construction d’un voilier.

C’est un « Multimono » de 7,50m, qui a été inauguré en avril 2015, après plus de deux ans de travaux. C’est donc grâce aux trente jeunes suivis à l’unité éducative d’activité de jour (UEAJ) que la PJJ a pu inviter le secrétaire général adjoint Guy Fitzer, le colonel de gendarmerie Jean Gouvart, deux représentant du commissaire de police, bref, dix personnes en tout, à naviguer au large de Mamoudzou, par petit vent ce lundi après-midi. Un nouveau chantier avec financement de la politique de la ville vient d’être lancé, sur le même plan de bateau.

Parmi les 5 premiers jeunes à avoir suivi le chantier, tous se sont réinsérés, certains rescolarisés dans le secteur de la menuiserie », se réjouit Jean-Christophe Claverie, le professeur qui les a suivi.

Donc oui, il est possible de rééduquer les mineurs en leur donnant un cadre dont ils ont justement besoin, notamment en raison du « spectaculaire effondrement de l’autorité parental », comme le diagnostique la PJJ.

Pour accompagner le phénomène, reste à travailler sur la montée en compétence des éducateurs et la multiplication des centres en milieu ouverts.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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