Ce mardi s’annonce comme une journée de grève dans le secteur public avec des syndicats qui appellent à descendre dans la rue mais sans véritable front unitaire. La mobilisation porte sur le «clause de revoyure» et des revendications plus traditionnelles de l’éducation nationale.
Les rues aux abords du vice-rectorat vont donc accueillir la manifestation qui doit rassembler la fonction publique mais avec tout de même une forte coloration éducation. La CGT Ma, FO, le SAEM et le SNUACTE FSU sont rassemblés en intersyndicale derrière l’appel lancé par le SNUIpp, le syndicat du 1er degré.
La CGT Educ’action a jugé «décevante» la fameuse «clause de revoyure», qui «n’apporte aucune avancée par rapport aux revendications des agents». Pour la CGT, «les agents sont harassés par les atermoiements continuels d’un gouvernement qui observe avec complaisance l’effondrement en cours du système éducatif à Mayotte et ne tient pas ses engagements».
Pour la SNUIpp, la grève reconductible de ce mardi porte essentiellement sur deux revendications : l’indexation des salaires pour «atteindre au minimum l’équivalent du taux d’indexation des salaires de la Réunion» soit 53%, et «la prise en compte de l’ancienneté générale de service des ex-agents de la CDM (Collectivité de Mayotte) intégrés dans la fonction publique.»
Sur ce dernier point, l’ensemble des syndicats, y compris ceux qui n’appellent pas à la grève ce jour, se retrouvent pour critiquer l’impossibilité pour ces agents de récupérer une ancienneté supérieure à 3 ans et 9 mois, quelle que soit leur ancienneté réelle dans le service public.
Créer un rapport de force
De façon plus large, les 3 co-secrétaires de la FSU Mayotte Rivomalala Rakotondravelo, Frédéric Muller et Thierry Wuillez étaient reçus par le Vice-rectorat ce samedi. Pour eux, pas de doutes: «ils nous ont laissé entendre ce que l’on sait déjà : si nous n’arrivons pas à créer un rapport de force favorable à partir de mardi … nous n’obtiendrons rien et donc l’enseignement à Mayotte continuera à s’enfoncer durablement dans une spirale négative de classes et d’établissement bondés s’ajoutant à une crise de recrutement sans précédent s’aggravant d’année en année».
Lors de cet entretien préalable à la manif’, les syndicats sont revenus sur l’«échec complet» de la clause de revoyure, indiquant que pour le gouvernement, «il n’est plus question de revoir le taux d’indexation des salaires». En réalité, le gouvernement a renvoyé la question à l’automne 2017, date à laquelle il conviera les syndicats pour analyser les effets de la surrémunération de 40%.
Ils ont également mis en avant tout une série de revendications : «valorisation de l’expérience acquise à Mayotte» pour «un avancement de carrière plus rapide» une fois repartis, que les établissements scolaires de Mayotte «bénéficient des points liés au classement Rep et Rep + (les Lycées en sont toujours exclus) pour permettre à tous de revenir dans de bonnes conditions en métropole ou en DOM»… autant de revendications que le vice-rectorat aurait jugé «pleinement justifiées».
Approches et nuances
Pour autant, tous les syndicats ne seront pas dans la rue demain. UNSA, CFE-CGC ou encore CFDT sont sur des lignes sensiblement différentes que les organisations précédentes. Ainsi pour la CFDT, si cette réunion «n’a pas répondu à toutes nos attentes, elle trace néanmoins des perspectives et offre une meilleure lisibilité de gestion des agents de la fonction publique à Mayotte».
Pour le syndicat, l’attractivité de Mayotte ne peut se résumer au seul cadre indemnitaire mais passe aussi par une amélioration des conditions de vie.
Etude sur les retraites en début d’année 2016, groupe de travail concernant les instituteurs de Mayotte, un autre sur les conditions de vie, autant de mesures qui conviennent au syndicat… Qui en rajoute en évoquant une réunion sur la transposition du code du travail d’ici fin 2017 : «Pour la CFDT ce rythme est le bon, puisque les textes seront transposés, donc applicables au fur et à mesure des travaux», explique l’organisation.
Là encore, de la mise en place de l’AGS (permettant aux salariés d’être indemnisés dans le cas de fermeture d’entreprise) à la lutte contre le travail illégal, du dialogue social à la mise en place des prudhommes, le syndicat est satisfait. «Il semble que pour l’instant ce chantier se présente bien. Reste, comme pour celui de la fonction publique, à le mettre en œuvre.» Ce n’est pas vraiment les positions que nous devrions entendre dans les rues aux abords du vice-rectorat ce mardi matin.
RR
Le Journal de Mayotte