Manifestation policière au tribunal: réponse judiciaire décalée ou adaptée?

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Les critiques étaient dirigées contre la réponse judiciaire jugée trop laxiste en cas d’agressions contre des policiers, mais pointaient aussi les permissions de sortie. Un communiqué national revendique l’utilité de ces mesures en invoquant la réinsertion à la sortie.

Anthony Baouche exprimait les inquiétudes nationales et locales
Anthony Baouche exprimait les inquiétudes nationales et locales

C’est un mouvement national, mais plutôt bien relayé en local : les policiers de deux syndicats, Unité SJP Police FO et Alliance sont descendus dans la rue ce mercredi. Pour se retrouver une quarantaine à midi au sein du Tribunal de Grande Instance: « nous voulons interpeler le président Sabatier sur deux points : une réponse judiciaire conforme aux textes de lois lorsque nous nous faisons agresser et un contrôle sur les permis de sortie pour les prisonniers pour crimes et délits qui sont fichés et malgré tout en liberté », revendiquaient les deux syndicats.

Si le deuxième point est à mettre en lien avec la fusillade contre les forces de l’ordre en Seine Saint Denis, le premier tient à cœur d’Anthony Baouche, Secrétaire départemental adjoint USJP Police: « quand on s’attaque à un fonctionnaire, la sanction n’est bien souvent pas à la hauteur. L’auteur des faits écope de sursis bien qu’auteur de blessures. Depuis 2008, les agressions physiques et verbales envers les forces de l’ordre se sont accrues de 40%, et sans réponse judiciaire à la hauteur. » Après une brève allocution, les policiers ont manifesté à coups de sifflet puis sont repartis vers 14 heures.

Un nombre de permissions « historiquement bas »Policiers manif ballon USJP Police

Allant à l’encontre de leurs arguments, un communiqué de presse national  est sorti dans la journée. Si les 9 signataires, CGT, SNEPAP, Syndicat de la Magistrature, SAF, SNPES PJJ, Observatoire international des prisons, Ligue des droits de l’homme, Genepi et FSU, expliquent comprendre l’émotion suscitée par la violence dont fut victime le policier en Seine Saint-Denis, ils refusent son instrumentalisation, et « l’empressement du gouvernement à répondre à l’emballement médiatique. »

Ils rappellent que la permission de sortie s’inscrit dans « un processus de resocialisation », avec notamment « le maintien des liens familiaux », et est « strictement encadrée par la loi ». Et les chiffres vont en sens contraire de l’inquiétude actuelle, puisque le nombre des permissions « est historiquement bas » à 48.481 en 2014 contre 62.266 en 2010, alors que le nombre de détenus a augmenté de 9% sur la période.

Quant aux décisions judiciaires, le communiqué rappelle que « la responsabilité du juge est de faire appliquer la loi ». La lassitude des policiers retrouvant sur leur pas des mineurs multirécidivistes en matière de cambriolage est récurrente à Mayotte, où la population a la désagréable impression que les délinquants sont plus chouchoutés que les victimes,motivant la réaction Alliance et Unité SJP Police FO. Mais comme l’évoquait un policier non gréviste, « on ne peut rien contre l’ordonnance de 1945 qui protège les mineurs ». Le manque de centres éducatifs à Mayotte est aussi un problème.

Des syndicats de professionnels de la justice divisés donc, qui appellent à des réactions rapides sur un territoire où la délinquance continue à inquiéter la population.

Anne Perzo-Lafond

Le Journal de Mayotte

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