Alors que la saison des baleines touche à sa fin, les cétacés ont été bien rares cette année, à Mayotte comme dans l’ensemble de l’océan Indien. Impossible de connaître avec certitude des responsabilités dans le changement d’habitudes des mammifères.
La saison des baleines 2015 ne restera pas dans les annales. Il a fallu attendre le mois de juillet pour que les premières observations soient rapportées à Mayotte… Et encore, en petit nombres. Le réseau Tsiono qui permet de consigner les observations dans notre département n’a permis de relever que 7 observations en juillet, puis 39 en août et autant en septembre. Il s’agit bien d’observations et non d’individus mais le bilan reste maigre, sans pour autant pouvoir dresser un vrai constat scientifique.
«On ne dispose pas de chiffres précis et de suivis de référence pour le nombre de baleines qui viennent à Mayotte. Mais si on évoque le ressenti, l’an dernier était une ‘année à baleines’ avec probablement une centaine d’individus», explique Alexandra Gigou, du Parc naturel marin de Mayotte.
Elles étaient peu nombreuses cette année, et elles sont déjà sur le départ. Il en reste encore quelques-unes mais elles ont déjà commencé à redescendre vers le sud.
Un phénomène régional
Mayotte n’est pas la seule concernée par cette absence des mammifères. Tout le sud-ouest de l’océan Indien est logé à la même enseigne. À Rodrigues où une association a envoyé des volontaires, un seul individu avait été observé fin septembre. A La Réunion, une vingtaine de caudales ont été consignées par Globice, autre structure spécialisée, contre une centaine l’an dernier. Même chose à Sainte-Marie, haut lieu de pèlerinage des baleines à bosse, où l’association Cetamada confirme les tendances observées partout ailleurs.
Les spécialistes sont désarmés pour trouver des explications. Les quotas de pêche du Japon ont pu être un temps évoqué. Autre piste, le phénomène El Niño. De légères évolutions dans les courants marins causés par cette poche chaude dans le Pacifique pourraient modifier la migration des baleines… Rien que des supputations.
Tsiono prend son envol
«On sait peu de choses sur les migrations des baleines. On a longtemps pensé qu’on avait un stock qui concernait La Réunion et un autre stock pour l’Afrique de l’Est dont Mayotte fait partie. Mais même cette hypothèse est contestée», relève Alexandra Gigou. Il faudrait déployer un véritable programme avec des balises Argos pour en savoir un peu plus. Par exemple pour déterminer pourquoi, les baleines qui remontent passent à l’ouest ou à l’est de Madagascar.
En attendant, le réseau Tsiono semble jouer son rôle. «On assiste à une vraie montée en puissance», se réjouit le parc marin. Le grand public s’est approprié l’outil avec un nombre toujours plus important d’utilisateurs et d’observations renseignées. Quant aux professionnels, ils fournissent eux-aussi des informations par l’intermédiaire de fiches transmises au PNM. La plateforme est donc en passe de devenir une véritable base de données du milieu marin à Mayotte
RR
Le Journal de Mayotte