Alors qu’Aquamay pourrait cesser son activité le 1er novembre prochain, Dominique Marot s’apprête à monter à Paris avec un courrier présidentiel dans sa valise. Deux repreneurs se sont manifestés mais le liquidateur envisage une mise aux enchères des biens de l’association.
A 15 jours de l’échéance décisive pour le secteur de l’aquaculture mahoraise, impossible de savoir ce qui va advenir. Aquamay, l’association qui gère l’écloserie, a bénéficié par une décision de justice du 25 septembre dernier d’une poursuite d’activité jusqu’au 1er novembre. Ce mois supplémentaire devait permettre de tenter de boucler un plan de cession pour le maintien de l’activité aquacole.
Si officiellement le conseil départemental a dit vouloir trouver des solutions, aucune ne semble encore émerger du côté de la collectivité.
Deux repreneurs se sont manifestés, Aquamater et Théophane «Guito» Narayanin. Ils se disent prêts à reprendre l’activité. Mais l’huissier désigné pour décider du devenir de l’association placée en liquidation judiciaire privilégierait une autre piste : la mise aux enchères. Cette vente interviendrait même «dans les meilleurs délais», selon le courrier adressé par le liquidateur à la préfecture que le JDM s’est procuré. Elle concernerait le «stock de poissons (ombrines) et les matériels dépendants de l’actif de l’association».
Cette option se justifierait par l’échéance du 1er novembre. Le liquidateur note en effet dans sa lettre qu’«à compter du 2/11/2015, je ne pourrai plus disposer du concours des salariés, pour notamment nourrir les poissons».
Un rôle pour la puissance publique
L’idée de cette vente de l’écloserie à n’importe quel mieux-disant fait bondir Dominique Marot. S’il se dit prêt à accueillir des investisseurs pour que la filière devienne enfin rentable avec un plus grand nombre de producteurs et donc des volumes économiquement viables, pas question de donner le cœur du secteur au premier venu.
Il s’emporte : «Il faut arrêter de dire que nous touchons trop de subventions. Il faut chercher comment ça se passe ailleurs». Il relève ainsi la situation de la Martinique où l’IFREMER fournit gratuitement les œufs aux écloseries qui vendent ensuite les alevins aux producteurs. L’argent public sert donc, là-bas, de véritable pompe d’amorçage permanent pour le secteur. A Mayotte, l’association Aquamay gère les géniteurs et les alevins pour fournir ensuite les fermes aquacoles. Les producteurs achètent ainsi leur matière première, pour environ 50.000 euros annuels, à Aquamay dont ils sont membres.
Les poissons de Mayotte à Paris
«Les dossiers se gèrent à Paris», affirme Dominique Marot. C’est donc vers la capitale qu’il s’envolera le 25 octobre prochain. Dans ses valises des réponses à ses courriers. Ceux de la ministre de l’écologie Ségolène Royal, du Premier ministre Manuel Valls et de la présidence de la République. Le chef de cabinet de l’Elysée lui a en effet indiqué que le Président de la République a pris connaissance «avec attention» de sa démarche et de ses préoccupations. C’est Alain Vidalies, le secrétaire d’Etat, chargée entre autres de la mer, qui devra trancher «la suite susceptible d’y être réservé».
Le préfet de Mayotte Seymour Morsy a fait savoir hier jeudi qu’il souhaitait voir «de véritables investisseurs» et non «des chasseurs de primes» prendre le secteur en main… sans que l’on sache si cette remarque visait les repreneurs qui se sont présentés.
Les 15 prochains jours de l’aquaculture mahoraise ne sont encore qu’une immense incertitude.
RR
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