Chiconi accueille deux soirées de concerts avec une programmation pour des voyages dans l’océan indien mais aussi dans le temps. 10 groupes ou artistes, 10 plaisirs musicaux.
«On est toujours dans la découverte et le partage». Pour Del, le responsable artistique de Milatsika, pas question de changer un festival mahorais qui en est à sa 9e édition. «Nous partons toujours de nos racines, de la tradition pour nous ouvrir vers le monde». Logiquement, cette année encore, les deux soirées proposent de beaux métissages musicaux.
Ce vendredi, à partir de 19h30, c’est Petit Klan qui ouvre le spectacle. Ils jouent à la maison. Ce groupe de jeunes de Chiconi a déjà un joli parcours derrière lui. Créé en 2009, il puise sa musique dans les sons traditionnels, djembé, le gaboussi, le mkayamba, la guitare, la caronne, le bambou…
Mayotte, c’est aussi le Mgodro, une influence forte pour les mahorais du Trio N’gazi aux créations mélodiques touchantes. Un carrefour entre l’Afrique, l’orient et le blues avec comme fil conducteur une voix profonde.
Direction ensuite les Mascareignes. De La Réunion, Christine Salem arrive avec ses complaintes ou ses transes musicales d’un maloya revisité. De Maurice, «Ras Nininn & the cool Créole» emmène son «seggae», subtil mélange du «sega» traditionnel de l’île et du Reggae.
Enfin, la soirée sera aussi marquée par la présence d’Ange-Lah. La jeune femme, imprégnée des traditions musicales du grand sud malgache –elle est originaire de Fort-Dauphin- proposera naturellement magaliba, sagenake ou katrehaky.
Ouvrir les oreilles
«Nous sommes toujours dans une démarche d’éducation. Il faut que nos oreilles prennent du plaisir à voyager avec les créations et l’audace artistique», relève Del. Et de l’audace, il en promet aussi pour la programmation du samedi.
Là encore, deux noms mahorais, Bodo style aux frontières du rap, du reggae et du mgodro et Abda, façonné par les rythmes traditionnels des Comores aux mélodies virevoltantes.
Cet esprit comorien vibrera aussi avec Boinariziki & Soubi, joueurs de gabousi et experts en dzendze. Ils promettent d’invoquer les esprits par leurs instruments et leurs chants incantatoires.
Enfin après les Mem’s family de Mada, Milatsika fera une incursion en métropole. «Cabadzi est un groupe et un style inconnu des Mahorais. On est ravis de pouvoir le proposer dans la programmation», s’enthousiasme Del. Originaire de Nantes, le quatuor mélange beat box, violoncelle, guitare et cuivre. «Une petite perle de poésie exaltée et contestataire», promet le festival.
Autre tradition conservée par Milatsika sa grande accessibilité. Soutenu par la direction des affaires culturelles et le département, le festival fixe son entrée à 10 euros par soirée. «Certains sont capables de mettre 200 euros pour acheter du poisson mais ils ne comprennent pas que la création artistique, ce sont aussi des artistes qui doivent vivre», note Del.
Le festival continue donc avec ses ambitions et ses exigences à proposer des scènes et des expériences à un public mahorais qui gagne chaque année exigence.
RR
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