Sami, musicien de cœur

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Connu à Sada, repéré à Mamoudzou, le musicien, auteur et compositeur Sami va sortir un album d’ici fin janvier. Le jeune homme réalise un rêve et transmet, à son tour, ce qu’il a reçu.

Sami à la Golden Academy du 5/5
Sami à la Golden Academy du 5/5

A Sada, Sami est monsieur guitare. «Quand je fais venir de nouvelles guitares, je donne les anciennes aux jeunes qui veulent essayer. Ce n’est pas une école mais à ceux qui veulent s’approprier l’instrument, je leur dit ‘allez-y’!» raconte le jeune homme qui naturellement veut susciter à son tour des envies, rendre un peu de ce qu’il a reçu. A Sada, ils sont nombreux à le connaître. Il avait d’ailleurs fait sensation lors de la fête de la musique. Mais c’est à Mamoudzou qu’il a émoustillé le public récemment.

Lorsque le 5/5 organise son concours de karaoké «Golden Academy», des artistes locaux sont invités pour chanter entre les prestations des candidats. Ils ont souvent un long parcours et une belle renommée… et Sami est parmi eux. Gilles Martin, également impliqué dans les affaires musicales mahoraises, avait glissé son nom. Aux demi-finales, beaucoup découvrent alors sa voix, ses textes et sa sensibilité. Ses premières prestations sont tellement convaincantes qu’on lui propose de remonter sur scène pour la finale et surtout de réaliser un album.
Et les choses ne devraient pas traîner. L’objectif : que l’album soit finalisé avant la 2e session de la Golden Academy du 5/5 fin janvier.

Sami lors d'un shooting photo chez Clap
Sami lors d’un shooting photo chez Clap

La musique en héritage

Voici un garçon né dans la musique. Un père musicien, des groupes qui viennent répéter dans la maison familiale de Sada alors qu’il n’est encore qu’un petit garçon, Sami va logiquement commencer à pratiquer les instruments très jeune. Batterie, percussions, guitare… «Je me suis mis naturellement à jouer avec eux», explique Sami. Et la musique lui a toujours permis de gagner un peu d’argent comme quand il faisait monter les esprits avec les percussions traditionnelles pour 150 ou 300 francs.

«J’ai commencé à écrire et à composer en m’amusant, juste pour le fun avec des amis. On n’avait pas vraiment de groupe, c’était comme ça». C’est en métropole qu’il va approfondir sa pratique. Parti pour faire ses études, il ne va pas arrêter de jouer. A Rennes, Caen, Agen ou Nantes, partout où la vie le mène, il rencontre des musiciens. «A chaque fois que je jouais avec quelqu’un, j’apprenais autre chose. Comme je suis parti seul, il fallait que je m’occupe», se souvient-il.

Quant à sa plume, il l’a forgée en regardant la vie autour de lui, un quotidien qu’il raconte sans complaisance, en langue mahoraise, en malgache et pourquoi pas en français.

Se rebeller en musique

Logiquement, Sami était destiné à une carrière dans la musique. Et pourtant, le jeune homme rentré à Mayotte l’an dernier a monté une entreprise de bâtiment. «Dans la vie, il n’y a rien de compliqué. Il suffit de savoir s’adapter. Pour ma famille, la musique ne pouvait pas être un métier. Si j’avais eu l’opportunité, je serai parti au conservatoire… Mais il n’est jamais trop tard !» Ses parents l’ont pourtant toujours suivi et encouragé. Son père lui donne des conseils comme les anciens du groupe Jimawe.

Sami la musique en héritage et en partage
Sami la musique en héritage et en partage

«Depuis mon retour je joue moins, mais je n’ai jamais arrêté. Et là, c’est un rêve de gamin qui est en train de se réaliser.» Ce 1er album ne sera pas très compliqué à structurer. Sami dispose de nombreuses années de compositions. «Je vais y mettre des choses qui parlent de Mayotte, de la jeunesse mahoraise, de ce qu’on vit. Pour moi, la musique est une façon de me rebeller face à ce qui se passe ici et sur lesquelles plein de monde ferment les yeux.»

Merci Sami

Pour ce premier opus, il n’a qu’une seule exigence : avoir des musiciens, des instruments en live. «Mon rêve musical serait de faire flotter le drapeau de la musique mahoraise dans le monde entier… Là, je réaliserais vraiment mon rêve.»

En attendant, on peut souvent croiser Sami sur la plage de Mronabeja, avec sa guitare qu’il vous prêtera bien volontiers pour partager un moment musical. «Je dis merci à la musique. Quand j’étais plus jeune, je trainais avec d’autres gars pas très réglos. Il y avait de l’alcool, du cannabis… Moi, j’allais répéter et je les retrouvais après, ce qui m’a permis d’échapper à pas mal de dérives. Merci la musique !» Avec la sortie de son premier album, ils seront, à leur tour, probablement nombreux à lui dire «merci Sami pour ta musique».
RR
Le Journal de Mayotte

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