Les praticiens hospitaliers se sont réunis en assemblée générale ce mercredi 13 octobre et ont voté un préavis de grève reconductible pour le29 octobre. Surcharge de travail et attractivité insuffisante… il fallait s’attendre à une réaction.
L’élément déclencheur fut, à les entendre, le rapport de la cour des comptes dont le JDM s’est fait écho ce 30 septembre 2015. Les juges y critiquent la déficience dans la qualité et la sécurité des soins, sans en pointer les causes, que dénoncent les médecins, « l’insuffisance de moyens budgétaires au regard de l’activité en augmentation de 15% par an. » Liée notamment « à l’explosion démographique que personne ne peut ignorer. »
Des griefs détaillés dans un courrier adressé le 14 octobre au directeur du Centre Hospitalier de Mayotte.
En face des contraintes, le financement de la prise en charge des non assurés sociaux ne serait pas à la hauteur, « 7 millions d’euros en 2008 contre 1 million cette année », avec un bassin de population estimé à 400.000 habitants. Deux facteurs qui mettent l’établissement en grande difficulté financière, comme les praticiens l’avaient indiqué au premier ministre Manuel Valls lors de son passage à Mayotte.
« Actes opératoires déprogrammés »
C’est bien l’absence d’écho ministériel qui les a convaincu de lancer un mouvement, face à l’urgence de la situation : « depuis plusieurs semaines, le CHM n’assure plus que les soins de première urgence. » Plus grave, des actes opératoires et des consultations sont déprogrammées, « pratiques qui insupportent la population insulaire ».
Et côté attractivité, le curseur n’est pas au bon endroit si l’on traduit leur courrier : avec un tapis rouge déroulé aux médecins qui viennent pour deux ou trois mois de « one shot », et a contrario pour les titulaires, une Indemnité particulière d’exercice « non adaptée », qui n’a pas l’air de compenser les inconvénients de leur engagement sur Mayotte, comme « l’insécurité permanente » et « une fiscalité locale insupportable ».
La grogne n’est pas nouvelle puisque chaque année, de menaces en mouvements de grève, les médecins hospitaliers dénoncent cette pression quotidienne qui les empêche d’assurer une médecine de qualité.
Lassée de ce désintérêt des politiques parisiens, la Commission Médicale de l’Établissement hospitalier de Mayotte s’est donc prononcé pour un mouvement de grève ce le 29 octobre 2015.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte