S. Ramadani: «J’ai dans ma poche les pistes pour régler la crise à la direction du social»

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Profitant de sa présence à l’inauguration de la Semaine sociale à Tsingoni, nous avons interrogé le président Soibahadine Ibrahim Ramadani sur son voyage à Paris. Un déplacement bénéfique pour régler la crise interne à la Direction du social, et sur sa demande d’accompagnement financier, notamment sur le RSA.

Soibahadine Ibrahim Ramadani compte bien déminer la "guéguerre" au sein de sa DSDS
Soibahadine Ibrahim Ramadani compte bien déminer la « guéguerre » au sein de sa DSDS

Un déplacement effectué dans un contexte de déficit budgétaire qui plombe pour 45 millions d’euros le budget de fonctionnement du département. En cause, des recettes qui dépendent d’une dotation fixe de l’Etat et des rentrées fiscales à partager dorénavant avec les communes. Et du côté des dépenses, une masse salariale en croissance, notamment liée à l’indexation.

Pour le gouvernement pas d’écoute sans preuves de bonne volonté. Et le département est attendu sur le social. Le secteur était en crise à Mayotte, avec comme point d’orgue en mars dernier le dépôt de plainte du précédent conseiller départemental en charge de l’action sociale contre son propre DGA. « C’est notre première préoccupation », témoigne Soibahadine Ramadani qui rappelle la situation lors de leur élection, « des tracts circulaient au sein de la DSDS*, rédigés par les agents de l’administration eux-mêmes ! »

Une « guéguerre », comme il la nomme, entre le DGA Mohamed El Amine et la directrice de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) Christel Toron sur la haute problématique dans notre département de la prise en charge de l’enfance. Le président du conseil départemental a donc saisi l’Inspection générale des affaires sociales, l’IGAS, qui doit revenir sur le territoire en novembre.

Effacement d’une partie de la dette

Soibahadine Ibrahim aux côtés de Manuel Valls lors de la signature de Mayotte 2025
Soibahadine Ibrahim aux côtés de Manuel Valls lors de la signature de Mayotte 2025

Un rapport sévère selon nos informations, qui tarde à sortir, surtout quand on connaît l’urgence à agir, et donc à maitriser les dysfonctionnements. C’est pourquoi Soibahadine Ramadani a demandé à rencontrer l’Inspecteur général des Affaires sociales à Paris : « je lui ai demandé des recommandations pour prendre déjà les premières mesures. » Un courrier qu’il a dans sa poche, « j’ai des pistes pour résoudre cette crise de cohérence interne », lance-t-il de son flegmatique sourire. Donc parmi les toilettages annoncés, la DSDS sera au premier plan.

Au ministère des Outre-mer, c’est un accompagnement dans leurs discussions avec Bercy et le premier ministre que demandaient le président et son 4ème vice-président Issa Abdou, ainsi que le DGS Jean-Pierre Salinières. Avec une première proposition sur l’effacement d’une partie des 32 millions d’euros que réclamait l’Etat « pour des actions non épongées par le passé », et une aide financière dont il n’a pas communiqué le montant, « ce sera un des sujets de discussions entre plusieurs ministres et le conseiller Outre-mer du président de la République Marc Vizy prochainement ». Jean-Pierre Salinières est toujours à Paris pour caler le calendrier.

Reprise en main du RSA par l’Etat

Le sénateur Thani Mohamed Soilihi présent à la Semaine sociale
Le sénateur Thani Mohamed Soilihi, auteur de l’amendement, présent à la Semaine sociale

L’autre avancée est le résultat d’un échange rapide avec Marylise Lebranchu qu’il a opportunément interpellée lors de l’ouverture du 85ème Congrès des départements français. On connaît le désengagement de l’Etat en matière de RSA, « la ministre avait plafonné la compensation à 15 millions d’euros pour notre département quand nous en dépensons 26 millions ».

Un engouement alors que notre RSA est à 50% du national, « c’est dire la marge de progression au fur et à mesure du rattrapage ». La ministre de la fonction publique s’est montrée « ouverte à la discussion compte tenu de l’évolution ». Les chiffres de 40 à 45 millions d’euros ont été lâchés « en visant l’échéance au delà de 2021. » A Mayotte, 6.000 foyers bénéficient du RSA, « soit 19.000 bénéficiaires », indique le DGA Mohamed El Amine.

Enfin, nous avons interrogé le président sur le vote de l’article de loi amendé par Thani Mohamed Soilihi, impliquant l’Etat dans la prise en charge des mineurs isolés à Mayotte : « C’est un soulagement, une avancée plus que salutaire », et indiquait que les élus allaient voter la sollicitation de l’Etat dans ce domaine, préalable à la parution d’un décret, dès la prochaine assemblée plénière « début décembre ».

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

* Direction de la Santé et du développement social

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