Jeff Ridjali et En Lacets, une compagnie de Reims, proposaient un peu de leur travail hier à des jeunes en séjour à Mtsangabeach. Avec Kaaro, les danseurs ont l’ambition de transcrire un peu de Mayotte dans une création de danse contemporaine.
Le brouhaha, les cris et les jeux de 150 enfants à Mtsangabeach. Avec les CEMEA, la DEAL ou l’association Tama, ils passent une partie de ces vacances scolaires sur le site. Et hier mercredi soir, ils se sont installés sur des chaises et des nattes autour d’une scène matérialisée par une corde posée au sol, face au soleil couchant sur le lagon. Et puis, d’un coup, le silence se fait. Le spectacle commence. Place à la danse contemporaine.
Trois danseurs ont pris place, Maud Marquet, Damien Guillemin et Jeff Ridjali, pour leur proposer un extrait de leur pièce chorégraphique en cours de création. Les enfants sont attentifs. Des rires. Des applaudissements. De la surprise. «C’est bien qu’ils participent. On sent que c’est un public qui s’éveille, qui éveille ses sens», se réjouit Jeff Ridjali. «Kaaro, c’est une création qui va vers les autres. Et en sollicitant l’attention, l’attention à l’autre, c’est une jeunesse qui peut lire et comprendre les mouvements et finalement respecter l’autre.»
Ce travail est un échange entre la compagnie En Lacets de Reims et Jeff Ridjali qui avait invité les danseurs métropolitains au festival maoré danse. «Nous avons décidé d’une collaboration artistique qui dure depuis deux ans», se félicite Maud Marquet, de la compagnie En Lacets. Les échanges se sont noués avec, par exemple, la voyage de Jeff Ridjali en Champagne pour présenter un solo grâce au Laboratoire chorégraphique de Reims.
Raconter un peu de Mayotte
«Ce trio, c’est la rencontre entre la culture et les traditions mahoraises et la danse contemporaine. On y trouve beaucoup de nos regards de Mzungu (métropolitains) sur la culture mahoraise et de notre façon de les transcrire et beaucoup de Jeff qui a façonné une danse et qui l’a fait évoluer», explique Maud Marquet.
En ce mois d’octobre, c’est à nouveau au tour des danseurs rémois d’être à Mayotte, pour créer «Kaaro». Cette fois-ci, c’est notre île qui est au cœur de leur travail. En compagnie d’Annabelle Locks, scénographe et costumière, les danseurs ont arpenté Mayotte, du Benara aux ruelles des villages, à la rencontre d’une culture qu’ils ne connaissaient pas. C’est ainsi qu’Annabelle Locks est ainsi partie à la recherche des teintures traditionnelles utilisées dans les villages.
Absorber pour mieux transmettre
«Les couleurs, les vêtements, les cordes à linge, les postures, les plantes… Tout ce que nos yeux ont capté en un mois, nous voulons le retranscrire par le corps, le souffle et peut-être la voix», confie Maud Marquet.
Et c’est avec cette volonté de rencontres et d’immersion dans la culture mahoraise, qu’Annabelle et Maud ont fait part de leur volonté, alors qu’elles étaient invitées par Mayotte 1ère la radio, de découvrir un mariage traditionnel mahorais. Un auditeur n’a pas hésité à leur proposer une invitation. Dès ce week-end, elles pourront absorber de nouvelles sensations à transmettre dans leur création.
La première prévue le 30 octobre
Avant la fin de ce mois, le trio de danseurs et la scénographe va participer à des ateliers de danse avec les étudiants de Dembéni. C’est aussi au centre universitaire, sous l’égide de l’association Hippocampus, qu’il proposera la première de sa création le vendredi 30 octobre.
Et cette collaboration artistique n’est pas prête de s’éteindre. Jeff Ridjali devrait participer au festival «Hors les murs» du Laboratoire chorégraphique de Reims en avril/mai 2016. Enfin, de nouvelles perspectives s’offrent aux danseurs. Ils pourraient être invités l’an prochain dans le cadre d’une tournée en préparation en Tanzanie, aux Comores et peut-être au Mozambique par le réseau des Alliances françaises de la région.
RR
Le Journal de Mayotte