Enfants, adultes, entreprises et même les candidats au titre de Mister Europe, ils sont nombreux à avoir contribué au succès des trois journées des «Pagaies du bout de l’île». Quand les courses de pirogue vont bien au-delà d’une simple compétition bon-enfant.
Ils n’avaient jamais manœuvré une pirogue. Et pourtant, Brian et Karim, 17 ans tous les deux, ont remporté les deux courses organisées hier sur musicale plage. Et 24 heures après leur victoire, ils étaient toujours aussi fiers de présenter le trophée de leur binôme. «C’est très différent de faire de la pirogue et du kayak», affirme Brian, kayakiste depuis 5 ans. «Mon père est pêcheur et je vais lui demander de m’apprendre à faire de la pirogue… Pour la course, on s’est juste entraînés avec les Mister!»
Les candidats au concours de beauté européen ont en effet passé une partie de leur jeudi à Musicale pour le lancement des «Pagaies du bout de l’île». Avec la montée du Mont Choungui, la course de pirogue était intégrée à leur notation pour leur élection. «13 Mahorais pagayaient chacun avec un candidat et ils dirigeaient la pirogue sur un parcours de 3 km entre la plage et une bouée», raconte Franck de MNET. Les candidats ont également eu droit à un shooting photos sur l’îlot de sable blanc puis à un voulé sur la plage.
«Ces trois jours sont vraiment un moment de calme, de fête et de liens entre des gens très différents», explique Julien Cailliau, le président de l’association MNET, Mayotte nature et tradition qui organise l’événement, avec de multiples partenaires dont Messo, le comité de kayak et la DJSCS*.
Retour sur l’histoire
Comme Brian et Karim venus de Petite Terre, des jeunes ont convergé de plusieurs communes et villages pour passer trois et trois nuits à Musicale, aussi bien de Passamainty, Dapani, Bandrélé ou Mbouini, le village du sud de Mayotte qui accueillait la course l’an dernier. Ils ont ainsi pu assister à la conférence sur les pirogues d’hier après-midi. On y a parlé des proverbes, des techniques pour remonter l’embarcation sur la plage avec des lanières d’écorce, et un foundi est venu faire une démonstration de sculptage. Les jeunes ont pu découvrir de nombreux témoignages venus d’une époque qu’ils n’ont quasiment pas connue.
«On voudrait organiser une course de pirogues à voile. Les boutres ont disparu de Mayotte depuis plusieurs décennies et on souhaiterait réfléchir à en fabriquer de nouveau, avec des matériaux spéciaux. Des entreprises se sont déjà montrées intéressées par la démarche», précise Julien Cailliau pour mieux prolonger ce lien renoué avec l’histoire maritime de Mayotte.
Des rencontres
Ce samedi, de nouvelles courses ont animé Musicale Plage : les adultes le matin, les entreprises l’après-midi avant une grande finale inter-catégories où la joie des vainqueurs n’avait rien à envier au bonheur de chacun de participer à une course hors normes. Sur la plage, des artisans, les scouts, des associations de Bandrélé, un club de pétanque… Et une soirée musicale qui promettait de se prolonger tard dans la nuit, à condition que la pluie ne s’invite pas, comme ce fut le cas jeudi soir.
«Ce qui m’a beaucoup touché, c’est de voir des jeunes participer à de nombreuses activités et se rendre compte que rentrer dans une logique d’affrontement, simplement parce qu’on est issus de villages différents, c’est absurde», souligne Julien Cailliau. La rencontre et le partage, d’autres réussites de ces trois très belles journées.
RR
Le Journal de Mayotte
*DJSCS: Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale