Vainqueur en 2013, Jean-Eddy Lauret a englouti les 64,8 km de la Mascareignes en 7h 55min 36sec. Le Saint-Joséphois est le premier traileur à remporter deux fois l’épreuve. Derrière, le suspense jusqu’au bout pour la 2 place.
A son arrivée, Jean Eddy Lauret ne cherche pas à masquer sa souffrance, elle se lit sur son visage. Ses jambes tremblotantes, son souffle court et son teint blafard en disent long sur le calvaire qu’il a enduré au cours de ses 7h55’36 » de course. La Mascareignes lui a tout pris, hier, tout, sauf sa faim de victoire. Du départ à 3 heures du matin jusqu’à l’arrivée à 10h55, il n’a cessé de puiser dans cette motivation, l’énergie nécessaire à ce nouvel exploit. «C’est une jolie victoire, lâche-t-il la voix cassée à nos confrères du JIR. Cette année, il y avait une telle densité de bons coureurs que finir devant me semblait compliqué».
La victoire n’en est que plus savoureuse, d’autant qu’elle fait écho à un premier succès acquis en 2013, un doublé inédit dans l’histoire de la course. «C’est vrai que cette médaille, je l’accrocherai à un endroit particulier, songe-t-il. Je suis tellement fatigué et usé que j’ai encore du mal à réaliser. Quoi qu’il en soit, je garde les pieds sur terre.»
Une stratégie payante
De bout en bout, le pensionnaire du Cospi a fait la course en tête. Observateur dans les cinq premiers kilomètres, Jean-Eddy Lauret n’a pas hésité à accélérer à mesure que ses concurrents décéléraient dans la première difficulté.
Avec 20 minutes d’avance sur ses deux nouveaux poursuivants, Ouildane Idrissa et Jean-Louis Robert, le Saint-Joséphois s’est installé sur son rythme de croisière pour rejoindre sans encombre le stade de la délivrance. Un succès mérité et justifié pour Réné-Paul Vitry, son partenaire d’entraînement et mentor : «La stratégie est définie pendant la course. Je crois qu’avec son expérience, il a su faire les bons choix, pour attaquer au moment opportun ou lever le pied.»
Après cette victoire, Jean-Eddy Lauret est «rassasié et compte mettre les baskets au placard.»
La lutte pour la 2e place
Derrière, la bagarre a été intense. Jusque dans le dernier kilomètre, impossible de dire qui, de Jean-Louis Robert et Ouildane Idrissa, s’installerait sur la 2e marche du podium. Les deux traileurs n’ont quasiment jamais fait la course ensemble avant de se croiser furtivement peu avant le final.
Seulement 38 secondes séparent le Saint-Joséphois du Mahorais. Une broutille au regard des 8h24′ passées sur les sentiers entre Grand Îlet et la Redoute.
Chacun adoptant une stratégie propre, l’un du lièvre, l’autre de la tortue. Jean-Louis Robert n’a quasiment jamais été aux avant-postes avant la Chaloupe. Treizième à Deux-Bras, le coureur du CAPC est progressivement redescendu à la 8e place à la Possession, puis à la 5e à la Grande Chaloupe. «Pour moi, la course a commencé à la Possession, explique-t-il. J’étais à bout de force et écrasé par la chaleur mais j’ai réussi à passer au-dessus de ça.» Ouildane Idrissa l’a vu arriver dans ses rétroviseurs alors qu’il foulait le bitume vers le stade de la Redoute.
3e pour une première
Le Mahorais, en troisième position à partir de Deux-Bras, a tenu sa place jusqu’à la Possession avant de passer devant Alexis Vincent, victime de problèmes gastriques. «Comme c’est ma première Mascareignes, je ne suis pas parti trop fort, commente le double vainqueur du Mahoraid. Après, j’ai quand même attaqué pour revenir sur les concurrents de devant.» Vainqueur du championnat de trail et de la course Papangue entre autres, Jean-Louis Robert a fait parler son expérience dans la descente du Colorado.
Mal en point, il a quand même réussi à rattraper les quelques minutes qui le séparaient de son jeune concurrent. «Je n’arrivais plus à garder les pieds par terre, souffle-t-il. Dans la Kalla, ma cheville me faisait souffrir mais les encouragements de ma femme m’ont aidé à continuer. Avec plus de 400 km de course dans les jambes cette saison, je suis content de ce résultat. »
Le JDM
avec le JIR.