Affaire du «gourou» de Saint-Louis: «C’est une secte, tous les paramètres sont réunis!»

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Des informations sortent ça et là, alors qu’une enquête est en cours pour savoir ce qui se passait réellement dans cette maison de Saint-Louis à La Réunion, où officiait un présumé gourou, située, détail savoureux, dans le quartier de l’Eglise.

Le présumé Gourou nie toute emprise sectaire sur les membres de sa communauté
Bien que certains témoignages l’accusent, le présumé Gourou nie toute emprise sectaire sur les membres de sa communauté

Si certaines divulgations semblent fantaisistes, voire graves et de nature à nuire à l’image des adeptes, nous avons contacté pour en savoir plus, Mohamed Boura, président des associations mahoraises à La Réunion, qui accompagne les familles concernées. Pour lui, cela ne fait aucun doute, nous avons affaire à une secte.

«Au départ, il s’agissait d’approfondir le Coran, la maîtrise des lois islamiques était au cœur de son apprentissage», indique-t-il évoquant le parcours de « Papa Sané ». C’est après un séjour en métropole où il part avec une de ses élèves, qu’il modifie son discours: «il persuadait les femmes mariées d’attendre son autorisation pour avoir des relations sexuelles avec leurs maris. Il n’était plus question de Coran, ni de prières.» Ce qui aurait incité certaines d’entre elles à s’en détacher, «mais très difficilement, nous les avons accompagnées.»

Des femmes qui seraient arrivées voilées dans la maison du supposé gourou, «mais qui étaient incitées à enlever leur djaoula pour approcher des garçons dans la rue, ou pour danser devant lui. Certaines faisaient même des séjours prolongés d’une heure et demi dans sa chambre, sans que l’on sache ce qui se passait.» Des accusations graves, Mohamed Boura le sait, mais il s’appuie sur les témoignages des jeunes femmes, dont il détient un enregistrement.

Une colère de dieu à visage humainMinaret mtsangamouji

L’homme de 31 ans se serait marié au Sénégal, son pays d’origine, en 2013 avec F.H. chargée du recrutement des jeunes filles. Mais il y avait des hommes également, «logés dans un autre bâtiment. Ils devaient comme les femmes, abandonner leurs biens matériels et leurs familles, se donner cœur et âmes à lui. Il paraît que certaines cartes bleues étaient en sa possession.»

Et pour éviter les divulgations de ce qui se passait en interne, il menaçait de la colère de Dieu : «D’ailleurs, tout le monde était élevé au rang de Dieu, et lui même en messager suprême diffusait le savoir. » Si le nombre d’adeptes est flou, Mohamed Boura indique que les mercredi et samedi, se réunissaient 150 personnes, «qui apportaient 3, 5 ou 10 euros au pot commun.» Des informations que devra corroborer l’enquête naturellement.

Mais le président des associations mahoraises en essayant d’extraire celles qu’il considère comme des victimes, avait consulté le guide ministériel de la protection des mineurs : «Tout y est, les gens s’excluent de leurs familles, changent de comportement, arrêtent de travailler ou d’aller à l’école, puisque nous avions des mineures»…

Papa Sané et sa compagne ont depuis été placés sous contrôle judiciaire, avec interdiction de rencontrer les autres membres du groupe, histoire de calmer un peu les esprits qui s’étaient échauffés allant jusqu’au caillassage de la maison début octobre.

Les femmes continuent à lui apporter leur soutien, en manifestant ostensiblement devant la gendarmerie de Saint-Louis, dans un premier temps, ce qui vaudra à trois d’entre elles d’être appelées à la barre le 24 mars. Une justice des hommes aussi vraie que nature celle-là…

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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