Les 76 familles d’accueil de la DSDS de Mayotte n’étaient pas toutes présentes, mais elles étaient néanmoins venues en force : il s’agissait de faire le point sur leur récent mouvement de grève, qui faisait suite à la non application selon elles du protocole d’accord de 2013.
En 2013 déjà, à la suite du mouvement des assistants familiaux, il avait été jugé bon de remettre à plat l’organisation de la DSDS, la Direction de la Santé et du Développement social. En 2015, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) ne dit pas autre chose. Elle a été saisie par la présidence du département, notamment à la suite de plainte de maltraitance dans certaines familles d’accueil. Ces dernières avaient d’ailleurs réclamé et obtenu une formation l’année dernière.
Le 4ème vice-président avait annoncé vouloir professionnaliser le secteur. C’est un des éléments qu’il a développés ce mardi matin au sein de l’hémicycle Younoussa Bamana où le président Soibahadine Ibrahim Ramadani les recevait, en compagnie d’Issa Abdou, 4ème VP en charge de l’action sociale, et du directeur de cabinet du président Ahamada Ousseni.
Conditions de travail
Face au peu d’annonces, c’est la présence du président qui l’aura emporté, « il a rassuré sur l’amélioration de leur situation », indique Mohamadi Issihaca, représentant du syndicat FO, tout en rajoutant que l’attente du fameux rapport de l’IGAS bloquait toute initiative. Le président Ramadani s’était pourtant avancé sur des pistes de décisions possibles qu’associations et personnel attendent impatiemment.
Les agents ont pu une nouvelle fois faire remonter leurs problèmes : relationnel avec leur directrice de l’Aide social à l’enfance, matériels et conditions de travail insuffisants, « nous demandons que les enfants à problèmes ne soient pas mélangés aux autres dans une même famille », demandaient-elles notamment.
Accès à la sécu
Tandis que les élus commençaient à débroussailler les évolutions induites par le droit commun en 2016 dans ce secteur. Pas facile pour des familles qui se sont formées peu à peu sur le tas : « Une évolution qui devra partir des spécificités de Mayotte, comme pour la maîtrise de la langue française, sur laquelle il faudra les accompagner », précise le syndicaliste. N’en ayant pas eu l’utilité, peu d’entre elles parlent en effet le « shizungu ».
Une formation est en cours, « adaptée aux besoins de chacun ». Indispensable au moment où le département compte doubler voire tripler le nombre de ces familles.
Une avancée est à noter : les enfants accueillis auront accès à la sécurité sociale, « Auparavant, les familles devaient avancer l’argent, un document leur permettra d’être pris en charge par l’hôpital en cas de soins. »
La rencontre aura apaisé. Si la date du prochain rendez-vous dépend du sacro-saint rapport IGAS, le mouvement de grève n’est plus suspendu mais levé, « avec une décision définitive prise avec l’intersyndicale du conseil départemental avant la fin de la semaine », précise Mohamadi Issihaca.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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