Mayotte veut se tourner vers l’exportation

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Des quelques gousses de vanille et des paniers d’ylang que Mayotte arrivait à exporter, il ne reste plus rien. Comment lancer une machine à exporter depuis un petit territoire ? La Chambre de commerce et d’industrie a importé une compétence, celle de Jean-Jacques Rechenmann, pour trois jours de formation.

Jean-Jacques Rechenmann : "Il faut privilégier les TIC à Mayotte"
Jean-Jacques Rechenmann : « Il faut privilégier les TIC à Mayotte »

Avec peu de participants, c’est par la petite porte que l’export fait son entrée à Mayotte. Les ambitions dépassent heureusement l’état des lieux : avec un taux de couverture de 1,56% en octobre 2015, qui ne concerne que des réexportations, Mayotte ne vend rien à l’étranger. Même timidement, il fut un temps où la vanille et l’ylang s’affichaient pourtant au tableau du commerce extérieur de l’IEDOM…

La Chambre de commerce et d’industrie (CCI) a donc organisé trois jours de formation sur le thème « Définir et valoriser son offre à l’export ». Présentée par Jean-Jacques Rechenmann, Consultant pour Formatex, elle est financée par Business France (ex UBI).

C’est le même frein qui explique ces difficultés en métropole ou à Mayotte selon ce spécialiste en développement à l’international : « l’insuffisance de l’offre. Il n’y a pas d’entreprise suffisamment structurée pour exporter. » Il prend l’exemple de l’Algérie, « qui produit des dattes parmi les meilleures du monde, sans pouvoir les exporter, faute de filière organisée sur place. Seuls des revendeurs font un coup, une liasse de billets à la main. »

Les TIC mieux cotées que la banane

La maigre production locale de vanille protégée... pour l'instant

Alors ? Adieu vanille, bananes ou ylang ?… « Ça ne marchera qu’en labellisant. Mais cela coute très cher ». Jean-Jacques Rechenmann explique pourquoi : « il faut atteindre une production suffisante, effectuer un suivi de la qualité qui peut aller jusqu’à détruire, comme en Champagne, et non pas vendre au marché noir, tout ce qui sort de la référence, et enfin, faire connaître et reconnaître le label. » Trois contraintes que la taille critique de notre île peut rendre rédhibitoire sans une grande volonté derrière.

Il dégage donc deux ou trois pistes d’export : « les TIC* adaptés aux capacités de l’île, l’aquaculture, avec un label type ‘Les pêcheries de l’océan indien’, et ne pas abandonner les quelques filières alimentaires très spécialisées ».

Pour y arriver, il nous faut une pépinière d’entreprises structurée, « coupée avec une école de formation. Un genre de cluster où cohabitent dans un même lieu ces acteurs, entreprises-formation-institutionnels, pour un bouillon de culture sectoriel. »

« Il n’y a pas de culture du risque à Mayotte »

Une dizaine de participants à la formation
Une dizaine de participants à la formation

Quelque soient les décisions prises, la volonté devra venir des politiques, « il faut un big boss qui décide sans faire du ‘trop peu-trop tard’ qui mène à l’échec. »

Il se base sur deux réussites, deux très petites entreprises au départ, l’une en Guyane, « Délices de Guyane », l’autre en Tunisie « Masmoudi », deux études de cas pour les stagiaires Mahorais. La première spécialisée dans la transformation de fruits, la seconde dans la pâtisserie familiale.

Pour chacune les participants vont analyser sa présentation, sa mission, les étapes de sa croissance, son processus de distribution, etc.

En évaluant le risque de se lancer à l’extérieur : « Un moment d’échange intéressant après que trois participants m’aient expliqué qu’il n’y a pas de culture du risque à Mayotte. Mais c’est la même chose au Maghreb que je connais bien. Un conflit entre la culture américaine qui produit ces système d’assurances publiques et privées, et le « Inch’allah » d’autres territoires. Il y a une différence de culture énorme. »

2015, année de l’exportPorte container

Sur la dizaine de participants, seuls deux entreprises sont présentes, les autres sont des institutionnels (Mission locale, CCI, etc.). Non que les 100 euros demandés aient été exagérés, mais plutôt une date qui tombe mal, comme nous l’explique Ali Abdou, Directeur du Pôle développement économique à la CCI de Mayotte : « le Club entreprise est parti à Moroni, d’autres sont avec le préfet au Mozambique et enfin Entreprendre au Féminin a des actions en cours. »

Il ne le dit qu’à demi mot, mais 2015 a été visée comme année de l’export à Mayotte : « faute de moyens, nous n’avons pu préparer un événement à la hauteur de notre objectif, que nous tenons malgré tout : mobiliser 10 entreprises vers l’export à Mayotte. »

Il aiguise donc ses armes pour l’année prochaine, avec en préparateur de terrain, Xavier Guerard, représentant de Business France, actuellement sur notre territoire pour démarcher des partenaires.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

* Technologie de l’Information et de la communication

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