Notre grand voisin mozambicain va-t-il devenir un allié stratégique dans notre région? Les préfets de Mayotte, de La Réunion et des TAAF accompagnés d’ambassadeurs et de commandants militaires rentrent d’une visite de plusieurs jours dans le pays.
Une politique des petits pas qui s’accélère. Après la visite de Filipe Nyusi, le président mozambicain à Paris au mois de juillet, c’est au tour de l’ensemble des autorités représentant la France dans l’océan Indien à avoir fait le voyage à Maputo, la capitale du Mozambique. L’ambassadeur de France dans le pays ne s’y est d’ailleurs pas trompé relevant le caractère «exceptionnel» de ce voyage.
La France a sorti le grand jeu car Paris veut nouer une relation particulière avec le pays dont la croissance économique et démographique lui promet de jouer un rôle essentiel dans l’avenir de l’Afrique australe, qu’elle soit continentale ou insulaire.
Lors de ce voyage, il fut évidemment question de la fameuse coopération régionale qui pourrait ici prendre un tour particulier. Le Mozambique, via Mayotte et La Réunion, pourrait en effet bénéficier de fonds européens que nos statuts de RUP permettent de mobiliser sur des projets précis.
Le canal franco-mozambicain
On a aussi parlé de tous les sujets maritimes. Sur ce sujet, c’est nous qui sommes incontournables. En effet, la France contrôle quasiment la moitié du Canal du Mozambique, grâce aux zones maritimes de Mayotte et des îles éparses, Glorieuses, Europa, Juan de Nova et Bassa da India, placées sous l’autorité du préfet des TAAF (Terres australes et antarctiques française, dont le siège est à Saint-Pierre). Dans le canal transite 30% du trafic mondial des pétroliers et compte tenu du développement de l’industrie gazière et bientôt pétrolière dans la zone, ce taux n’est pas prêt de baisser.
France et Mozambique ont donc évoqué la sécurité de ces activités dans cette zone désormais couramment surnommée «la nouvelle Mer du Nord», en référence au potentiel en hydrocarbures des fonds marins. Le ministère de l’écologie français a d’ailleurs récemment permis à deux compagnies de poursuivre leurs prospections dans les eaux françaises de Juan de Nova, une zone limitée dont il se dit qu’elle pourrait abriter, à elle seule, l’équivalent de 10 ans de consommation de la France métropolitaine en pétrole.
Des liens diplomatiques et militaires
Cette visite pourrait donc également avoir eu pour objectif de conforter un partenariat diplomatique avec le Mozambique alors que les îles éparses sont revendiquées par Madagascar, depuis que le Général de Gaulle les a séparées du territoire malgache, quelques mois avant l’indépendance de la Grande Île en 1960.
Gaz et pétrole mais aussi pêche, piraterie, pollution ou protection des côtes, les sujets de discussions entre nos deux pays sont potentiellement nombreux… y compris quelques-uns encore plus sensibles. Dans le pays, on parle d’une affaire concernant l’achat par le Mozambique d’une flotte de chalutiers à la France qui seraient en réalité des bateaux de défense. Même si elle s’en défend, la France pourrait ainsi contribuer à l’émergence du Mozambique comme puissance militaire régionale.
RR
Le Journal de Mayotte
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