Aucune révolution n’est annoncée dans le secteur de l’élevage bovin, ovin, avicole ou caprin à Mayotte, mais la moindre avancée est importante. Cette journée du 31 octobre en fait partie, qui a rassemblé 300 éleveurs sur le site de Valarano prés de Coconi.
A destination des éleveurs de l’île, la Journée de l’élevage est organisée par l’ensemble des partenaires impliqués dans ce secteur : Direction de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt, Lycée agricole de Coconi, CIRAD, Conseil départemental, etc.
Et sous l’égide du RITA (Réseau d’innovation et de transfert agricole). Il s’agissait donc tout autant de présenter les activités des uns et des autres que de parler d’avancées techniques.
Comme le rappelait dans son discours Fatimatie Bintie, le conseillère départementale de Tsingoni, l’événement qui avait marqué la filière bovine en 2007, fut « l’importation de 50 vaches Montbéliardes pour les croiser avec des zébus ». Une idée qui avait paru saugrenue à l’époque, notamment en raison de la différence de taille entre les deux espèces, et qui avait débouché sur de nombreuses pertes. L’inversion des saisons, les températures beaucoup plus élevées, et surtout la désorganisation de plusieurs agriculteurs, avaient eu raison de beaucoup de bêtes.
L’insémination en cinq étapes
Mais quelques mois et rectifications plus tard, les premiers résultats concrets se faisaient sentier, ou plutôt, se laissaient boire, puisque l’objectif d’obtenir un meilleur rendement laitier était atteint.
On en est maintenant à la deuxième et troisième génération, et les croisements vont bon train comme nous l’explique, juste après une démonstration, Boinali Ahmed, Inséminateur-échographe à la CAPAM, la Chambre d’agriculture, de la Pêche et de l’aquaculture de Mayotte : « plusieurs étapes sont nécessaires. Tout d’abord, pour m’assurer que la vache ne soit pas déjà grosse, je pratique une échographie en passant une sonde rectale. Toute insémination pourrait en effet provoquer un avortement dans ce cas. Si elle est vide, on dépose une spirale, un implant, que je retire 7 jours après pour pratiquer l’injection de prostaglandines. Dix jours après, elle est en chaleur, et je peux inséminer. Au bout de 28 jours, je contrôle la fécondation avec une nouvelle échographie. »
Premier Parc de contention
Un peu plus loin, les visiteurs découvrent le Parc de contention, « le premier à Mayotte », explique Laetitia Vanesson, Directrice de l’exploitation du Lycée agricole de Coconi : « un couloir à l’intérieur duquel nous pouvons manipuler les animaux plus facilement, notamment pour les traitements sanitaires, antiparasitaires… Pratique surtout pour les zébus, beaucoup plus vifs que les Montbéliardes ! »
Tout le monde n’est pas venu en touriste, « combien pour ce petit veau ? », interroge un éleveur. Un croisé Montbéliardes-zébu se vend à 2.000 euros, « et 5.000€ pour un adulte », lance un agriculteur. Avec toutes ces vaches, on se prend à rêver de lait frais acheté à la ferme… « Nous en manquons justement pour les veaux. Surtout, il se vend cher, autour de 4€ le litre, prix sorti de ferme », indique un éleveur.
Fatimatie Bintie l’annonçait, il y aura une nouvelle importation de Montbéliardes, et parle d’un futur abattoir. On a raison de ne plus croire à cette Arlésienne, « si, si, à Chirongui pour les bovins », affirme l’élue.
Les conférences et démonstrations se poursuivent qui ont pour objectif de rendre ces professionnels autonomes : « qui veut prendre la température de ce veau ? », interrogent au micro les organisateurs. Un éleveur apprendra pour l’occasion la température moyenne de la bête, « autour de 38,5° », à enfiler des gants propres, et à allumer le thermomètre une fois en place et pas avant, « vous prenez la température extérieure sinon ! » Et repartira avec un thermomètre.
Une Journée dédiée aux éleveurs, et des petites avancées qui pourraient faire un jour, de grandes exploitations…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte