C’est aujourd’hui qu’est, partiellement, dévoilée la robe que portera miss Mayotte au défilé de Miss France. Partiellement, car la presse ne peut qu’en publier des portions, sur instruction de Franck Servel, coiffeur et représentant du Comité miss France à Mayotte depuis 4 ans, la robe étant en cours d’achèvement.
Lors du vote pour déterminer qui de toutes nos beautés métropolitaines et ultramarines portera le diadème la sacrant miss France, plusieurs défilés les rassemblent. Dont l’immanquable soirée régionale à Lille, « où les miss devaient défiler en tenues traditionnelles », explique Franck Servel. Inutile de dire la lassitude de la jeune miss Bretagne portant sa bigoudène, ou la coiffe généreuse de l’Alsacienne… « Le comité miss France a donc décidé en 2014 de faire appel aux créateurs locaux de chaque région ».
Mayotte avait fait l’impasse, proposant une tenue traditionnelle revisitée, « mais cette année, nous avons retenu le croquis original de Viviane Bellais et Solène Faure ».
Et Paris a eu le coup de foudre : « l’exigence était d’identifier immédiatement la région au premier coup d’œil porté sur la robe », rapporte Viviane Bellais, « le croquis de notre styliste Patrick (son propre fils, ndlr) d’une robe hippocampe a séduit tout le monde ». Les légendes, les grands personnages, les traditions, le folklore… autant de points inscrits au cahier de charge.
La contribution du pape au kofia
Une robe tout de kofia cousue, entre borderie et tissage. La méthode de fabrication manuelle du kofia se perd au profit de la machine : « nous avons utilisés 10 kofia et demi, tous faits à la main, pour confectionner la robe, ce qui représente 11 ans de travail pour ceux qui les ont conçus. » Le kofia fait-main se vend 500 à 800 euros à Moroni, nous explique Viviane, « et 200 euros à Anjouan ». Une bande de popeline, « mot qui vient de papeline, la ‘laine du pape’ »… un syncrétisme vestimentaire.
Donnant de jolis reflets bruns éclatants sur la peau de la jolie Ramatou Radjabo, notre miss Mayotte 2015, des fils de cuivre serrés se glissent entre les bandes de kofia : « ils ont été « récupérés de transformateurs jetés à la poubelles », et symbolisent la récupération des déchets à Mayotte.
Miss Mayotte sans ses couturières le jour J
La robe-hippocampe se dessine peu à peu sur le corps de Ramatou et sous les mains expertes de Solène, « elle aura couté 4.000 euros », qui leur seront remboursés par le Comité miss France, qui ne prend pas en charge la main d’œuvre en revanche. Pas plus que les frais de transport d’ailleurs vers Lille où se déroulera la soirée miss France. Les deux créatrices ne savent d’ailleurs pas si elles seront admises dans le saint des Saints des cabines d’essayage, « il y aura beaucoup de monde déjà sur place », justifie Franck Servel. Etonnant lorsqu’on a constaté que les deux femmes ont assemblé la robe deux heures durant sur la jeune fille…
Franck Servel décline ses obligations : « avec un budget de plus de 100.000 euros, je dois couvrir l’organisation de l’élection de miss Mayotte et la prise en charge de la candidate pendant un an. »
C’est le 19 décembre qu’aura lieu la soirée d’élection de miss France. A cette occasion, plusieurs prix sont décernés, dont celle de la plus belle robe régionale. « L’année dernière, la lauréate avait pu dessiner la robe portée par miss France lors de l’élection de miss Monde », nous apprend Franck Servel.
En attendant, Ramatou Radjabo s’envole pour Tahiti, « histoire de faire quelques shooting photo »… on est déjà dans l’après Mayotte, la jeune femme va découvrir le monde de paillettes des miss.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte